Le 26 décembre 2023, l’Exorciste fêtera les 50 ans de sa sortie au cinéma aux Etats-Unis. Un succès populaire dans les années 70, qui marqua à jamais le cinéma par son jusqu’au boutisme. Le triomphe fut aussi critique, puisque le film de Friedkin a reçu à l’époque 2 Oscars et 4 Golden Globes (une reconnaissance rare pour le cinéma d’horreur). Deux suites inégales ont vu le jour en 1977 et 1990, puis deux autres en 2004 et 2005. On ajoute à tout cela une série en 2016 qui a eu deux saisons seulement (alors qu’elle était plutôt réussie). Autant de productions qui n’ont jamais réussi à approcher d’un cheveu les qualités de l’original : le nihilisme, le doute, le questionnement de la foi. Aucun n’a trouvé la subtilité nécessaire pour traiter le sujet.
C’est avec une grande inquiétude qu’on a appris la mise en place d’une nouvelle trilogie (!) par Universal, via le réalisateur David Gordon Green et la maison de production BlumHouse. Après avoir vidé de tout son sens la saga Halloween avec une saga fade et trop lisse, le metteur en scène va s’attaquer à l’Exorciste ? Impensable. Et pourtant, le film débarque bien en cette fin d’année 2023. Bien que séduits par les premières affiches au look bien crado, on a été refroidis par la bande-annonce qui montrait une vision bien trop aseptisée du mythe. Et la frayeur s’est confirmée à la vision du film.
Entre colère et consternation, le visionnage de “L’Exorciste : Dévotion” n’est pas une partie de plaisir. On ne sait pas ce qu’il y a de pire : les “inspirations” (copiers-collers) de mise en scène de Friedkin ? La première heure interminable qui peine à installer des personnages tièdes ? Le montage artificiel qui tente de donner du rythme à une narration qui en manque ? Difficile de choisir. Alors que Friedkin prenait son temps avec patience et sensibilité pour instaurer une ambiance étrange dès les premiers plans de son film, David Gordon Green choisit le recyclage d’idées, de plans et de dialogues qui font les belles heures de Blumhouse depuis 10 ans.
Aucune vision artistique, une photographie désaturée, similaire aux productions horrifiques des années 2010, un maquillage raté. Pourtant, la campagne marketing vendait un film choquant et extrême, mais il n’en est rien. “L’Exorciste Dévotion” n’a aucune âme, aucun parti pris : sur le fond comme sur la forme, c’est une véritable offense à son créateur et au film original. On espère que, là où il est, Friedkin ne voit pas ce désastre. On espère aussi que le film opportuniste va se planter au box-office, pour éviter que la catastrophe se poursuive. On vous laisse, on va (re)voir L’Exorciste 3.