Au rayon des films d’horreur les plus attendus de l’année, LongLegs nous fait de l’oeil depuis le début de sa promo. Avec des teasers très courts ultra-efficaces et des affiches sublimes, la hype est montée assez vite. Le réalisateur, Oz Perkins, est loin d’être un inconnu, à plusieurs titres : déjà, il a réalisé les longs-métrages “Gretel et Hansel” (2020), “I Am the Pretty Thing That Lives in the House” (2016) et “The Black Coat’s Daughter” (2015) sorti chez nous sous le titre “February”. Et puis évidemment, son illustre nom nous rappelle qu’il est le fils de l’acteur culte Anthony Perkins (inoubliable Norman Bates dans la saga Psychose).
LongLegs est un pari plutôt réussi pour Oz Perkins qui nous propose un film malaisant et nihiliste, qui peine pourtant à se détacher de ses trop nombreuses références. Comment ne pas penser au Silence des Agneaux, thriller culte des années 90 ? Tout y est : une jeune femme débutante et fragile, confrontée à une figure masculine dangereuse et meurtrière. Cette opposition du genre est intéressante et aurait mérité d’être davantage approfondie à l’aune des enjeux sociétaux de 2024. Car en réalisé, sur ce sujet, Longlegs ne raconte rien de plus que le film de 1991. Mais le personnage de Lee Harker est malgré tout très bien interprété par Maika Monroe : très juste, toujours à fleur de peau, elle parvient à créer de l’empathie chez le spectateur.
Niveau acting, tout le cast est parfait : parmi eux Nicolas Cage à deux doigts de la clownerie, Blair Underwood qui incarne un Jack Crawford plus vrai que nature. Et c’est frustrant car les personnages souffrent d’une écriture trop en surface : manque de profondeur ou archétypes classiques du thriller, on reste sur notre faim. On a du mal à s’attacher à eux ou à comprendre vraiment leurs motivations, ce qui affaiblit réellement l’impact émotionnel du film. Niveau scénario aussi, c’est la déception. Passé une première heure mystérieuse très efficace, où tout est “montré” hors champ, dont le tueur ; Oz Perkins fais le choix de tout dévoiler par la suite, quitte à perdre tout le suspense mis en place auparavant. On se retrouve alors avec des twists assez prévisibles et une révélation finale qui tombe un peu à plat. Mais l’essentiel n’est presque pas là.
C’est sur la forme que le film est le plus intéressant (comme la promo le laissait présager). Le cadrage est une masterclass, chaque plan est une pure oeuvre d’art. Rendons hommage ici à la qualité du travail du directeur de la photographie Andres Arochi. L’atmosphère est sombre, immersive et les jeux de lumière sont utilisés de manière experte pour accentuer le sentiment de malaise. On a aussi adoré la musique, parsemée avec précision dans les scènes les plus importantes et qui donne un relief supplémentaire. C’est rageant de constater que ces qualités esthétiques cachent en réalité une intrigue plutôt banale.