Lovely Molly (parfois très originalement renommé The Possession) sonne le retour d’Eduardo Sãnchez, réalisateur un peu oublié depuis son unique succès retentissant (The Blair Witch Project), son statut de superstar de l’horreur ayant ensuite été vite étouffé dans l’œuf par un reste de filmo peu convaincant (les très oubliables ParaAbnormal, Seventh Moon ou Altered).
Pour ce petit budget (1 million mais, attention, produit par “l’un des mecs derrière le Seigneur des Anneaux”), Sãnchez part sur un postulat simple pour jouer le plus possible sur l’ambiguïté installée par le comportement trouble du personnage titre. Molly Reynolds, tout juste mariée, décide de retourner vivre dans la maison familiale et inoccupée depuis la mort de ses deux parents. Laissée régulièrement seule dans cette grande bâtisse par son camionneur de mari, elle croit bientôt être confrontée à l’esprit retors de son père abusif. Mais tout cela ne serait-il pas le fruit de son imagination ?
Dès les premières minutes, premier constat, premier flippe : Lovely Molly n’accumulerait-il pas un petit peu trop de clichés de la nouvelle scène horrifique indépendante américaine ? Prenons le personnage principal : une jeune white trash, coupe garçonne, ancienne toxico, et dont la beauté magnétique contraste un peu trop avec son boulot de femme de ménage dans un Wall Mart situé forcément en plein désert rural ricain. Est-ce la peine de préciser que Molly aime bien le naturisme nocturne, se baladant régulièrement nue pour le plaisir du spectateur. Autre symptôme « Sundance » : cette intrigue jouant l’ambiguïté tout le long et qui fait mine pendant la majeure partie du métrage de ne pas toucher au « genre », s’ancrant dans un réalisme social pur et dur.
Lovely Molly n’est-il donc qu’une œuvre de producteur désireux de surfer sur la mode « ciné indé » ainsi que sur le retour en force des films d’exorcisme (cela depuis Le Dernier Exorcisme, un titre décidément bien mensonger) ? La réalisation fait même du pied aux fans de found-footage, Molly aimant bien filmer des choses aussi intéressantes que le déballage de ses cartons ou une porte claquant un peu trop fort…
Malgré tout ce côté un petit peu trop préfabriqué, le film est une petite réussite. Le personnage principal nous touche autant qu’il inquiète, le film poussant assez loin la dérive mentale de la jeune Molly. La mise en scène des poltergeists se veut plus dans la veine d’un classique comme La Maison du Diable de Robert Wise que de Paranormal Activity. D’ailleurs pour rester dans les références classiques, on pense rapidement aux Innocents de Clayton dans la manière dont le réalisateur introduit la figure du père décédé, menace invisible mais pourtant omniprésente et transpirant la perversité.
Le film installe donc une atmosphère originale, toujours entre horreur psychologique et fantastique pur… On est bien loin des standards étriqués du simple film de possession. Le scénario maîtrise également très bien son lent basculement dans l’horreur, s’appuyant principalement sur les prestations solides de ses acteurs, avant de s’achever sur quelques séquences particulièrement graphiques et éprouvantes. Le fantastique est quant à lui distillé via quelques plans parfois un peu trop énigmatiques mais qui participe grandement à cette ambiance particulière de flottement surnaturel tout en évitant de tomber dans une imagerie outrancière et forcément vue et revue.
Lovely Molly plaira donc aux fans d’atmosphères étranges et délétères. La fin ouverte et très elliptique en ce qui concerne la réelle nature du mystère entourant Molly en frustrera probablement plus d’un, les autres sauront apprécier cette lente descente dans les ténèbres parsemée de quelques électro-chocs.
Le film est d’ores et déjà disponible en DVD et Bluray en import UK.
[SPOILER] Pour en savoir un peu plus sur quelques tenants et aboutissants du film, allez checker la définition d’Orobas sur Wikipedia et regardez la tronche de l’animal. Cela peut expliquer quelques détails du film pour ceux qui ne seraient pas branchés occultisme…
Critique par Alex B
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