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Machete

Affiche du film "Machete"

© 2010 Troublemaker Studios − Tous droits réservés.

On l’attendait avec impatience depuis des mois, la bombe Machete débarque enfin sur nos écrans !
On peut dire que le nouveau bébé de Robert Rodriguez (Une Nuit En Enfer, Sin City, Planet Terror) a su faire parler de lui depuis la fausse bande-annonce pour son projet Grindhouse avec Quentin Tarantino, notamment en multipliant les teasers et autres affiches percutantes sur Internet. Propulsant le bad ass Danny Trejo sur le devant de la scène pour la première fois de sa carrière, en tout cas dans le cadre d’un film grand public, le réalisateur s’offre un casting haut de gamme pour nous livrer une œuvre incroyablement fun qui comprend absolument tous les éléments que l’on pouvait espérer.

L’homme à la machette a tout du parfait héros de films d’action : patibulaire, ultra-fort, impitoyable et très populaire auprès des femmes, ce tueur mexicain à la gueule taillée au burin est plus que prêt à en découdre et tous les moyens lui seront bons pour venir à bout de l’organisation qui l’a poignardé dans le dos. Danny Trejo, en plus d’avoir la gueule de l’emploi, est tout simplement hallucinant dans ce qui pourrait bien être le rôle de sa vie. Chacune de ses apparitions est un authentique délice pour les yeux, le voir hacher menu ses ennemis à la machette, à la débroussailleuse et même au sécateur reste un plaisir (non) coupable auquel nous nous adonnons sans vergogne…  Le point fort du film reste incontestablement sa belle brochette d’acteurs qui livrent le meilleur d’eux-mêmes pour mener à bien cette œuvre déjantée qu’ils ont apparemment pris grand plaisir à tourner.

C’est un fait avéré, absolument tous les personnages de Machete ont trop la classe, de Luz (Michelle Rodriguez ; Resident Evil, Avatar), la guerrière sauvage au grand cœur, en passant par le vicelard incestueux Michael Benz, superbement interprété par Jeff Fahey (Planet Terror), jusqu’à Sartana (Jessica Alba ; Sin City, The Eye), la fliquette amoureuse de justice. Rodriguez a même fait appel à la très trash Lindsay Lohan (I Know Who Killed Me) qui nous en met plein la vue dans son rôle de fille à papa junkie reconvertie en nonne vengeresse. Même Robert De Niro semble s’amuser comme un petit fou en sénateur texan xénophobe et avide de pouvoir. Tous ces personnages hauts en couleurs évoluent au gré d’actions qui ne craignent décidément pas la démesure et qui s’enchaînent sur un rythme électrique qui nous tient en euphorie du début à la fin du film. Rodriguez a également pris le parti de choisir des acteurs de séries B ou de séries tout court tels que Steven Seagal (Sous Haute Protection, Le Prix Du Sang) et Don Johnson (de la série Nash Bridges) et leur a ainsi permis de tenir des rôles à contre-courant de ceux qu’ils incarnaient jusqu’à présent. Ainsi, le pacifiste Seagal se retrouve baron du cartel de la drogue mexicain, entouré de putes et maniaque du katana, tandis que Don Johnson devient une sorte de cowboy des temps modernes qui joue au ball-trap avec des clandestins mexicains.

Une autre excellente surprise de Machete est la présence de l’acteur, cascadeur et maquilleur Tom Savini (le biker à la… machette, justement, de Dawn et Land Of The Dead de George A. Romero) qui interprète ici un tueur professionnel en cuir et à grosses moustaches dont la particularité est de mitrailler ses ennemis d’une seule main (trop la classe !). Tous ces acteurs que l’on n’a que trop rarement l’occasion de voir dans de grosses productions nous font ainsi redécouvrir toute l’étendue de leur talent d’acteur en nous servant sur un plateau leurs jeux imperfectibles qui ne manquent pas de mordant et d’humour. Il est également à noter que certains des acteurs de Machete sont en quelque sorte des « habitués » des films de Robert Rodriguez ; on a notamment pu apercevoir Dany Trejo, Tom Savini, Cheech Marin, Jeff Fahey mais aussi Jessica Alba dans des films tels que Spy Kids, Desperado, Une Nuit En Enfer ou encore Planet Terror et Sin City. Le réalisateur mexicain s’est donc entouré d’une petite équipe presque « familiale » pour produire cette œuvre qu’il avait vraisemblablement en tête depuis longtemps (lors des apparitions de Danny Trejo dans ses films, ce dernier est presque systématiquement équipé d’armes blanches) et dans laquelle il a pu insérer bon nombre de ses fantasmes d’enfant. Enfin, on remarquera l’auto-clin d’œil de Rodriguez à son précédent film, Planet Terror, en replaçant les jumelles baby-sitters complètement tarées quasiment dans le même contexte (ici en infirmières qui mitraillent tout ce qui bouge), exactement comme dans le film Grindhouse.

Mais laissons un peu de côté les acteurs, car il faudrait des pages et des pages pour écrire tout ce qui mérite d’être dit sur leurs performances (le padre aux fusils à pompe et acolyte de Don Johnson dans Nash Bridges, tout simplement énorme…). Côté action, on est servi et on en redemande toujours plus tellement une scène en appelle une autre encore plus fun. Parmi les plus mémorables, citons celle où Machete s’enfuit de l’hôpital en se balançant d’un étage à celui d’en-dessous, agrippé à un intestin grêle fraîchement retiré de son réceptacle vivant ; ou encore la séquence d’introduction durant laquelle il fait un véritable carnage à la machette dans le repaire de Torrez. Quant aux effets spéciaux, ils sont nickels, rien à redire, Rodriguez a su faire bonne utilisation des CGI pour les giclées de sang (qui coule à profusion) et les scènes d’action demeurent très efficaces même si certaines sont légèrement sur-découpées. Le face-à-face improbable Trejo/Seagal reste le moment le plus jouissif du film tant il émane un charisme exceptionnel de chacun des deux acteurs. D’ailleurs, si Machete peut être considéré comme un film d’action, il n’en reste pas moins hybride car mêle habilement baston, gore fun et humour au trentième degré pour produire au final un film complètement barré qui a su pleinement saisir les attente de son public.

Comme à son habitude, Robert Rodriguez agrémente son film d’une musique tantôt envoûtante, tantôt déchainée qui assure une parfaite cohésion avec les images, d’ailleurs interprétée par son propre groupe Chingon. Tous comme Planet Terror, la BO de Machete témoigne de l’amour fusionnel du réalisateur pour la musique, et son traitement des effets sonores n’est pas sans rappeler celui de son ami Quentin Tarantino. Le montage est énergique, l’on n’a pas le temps de s’ennuyer durant ces 1h45 qui semblent s’écouler à la vitesse de la lumière… Pratiquement tous les dialogues pourraient être cultes tant ils sont placés sous le signe de la dérision (« – C’est quoi ce truc long et dur ? » « – C’est ma machette. ») et certaines scènes sont tout bonnement tordantes ; on sent vraiment que Machete est avant tout un délire du cinéaste concrétisé dans une ambiance potache qui a su allier exigence et éclate totale. On ressort de la salle de cinéma le sourire aux lèvres, comme régénéré par cette petite bouffée d’air frais…

Machete nous offre donc un résultat parfaitement fidèle à ce qu’il annonçait trois ans plus tôt avec sa bande-annonce de Grindhouse : un film explosif, violent mais surtout très drôle, en un mot génial, et qui nous fait espérer une suite d’ici peu de temps de toutes nos forces… Peut-être cette séquelle potentielle sera-t-elle vraiment intitulée Machete Tue ?! Ca promet en tout cas…

Par Emmanuelle Ignacchiti

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