Tu étais un peu perdu dans la franchise Massacre à la Tronçonneuse et ses suites en forme d’éternels remakes ? Pas de problème, ce nouvel opus fait table rase des cinq films précédents et s’ouvre là où finissait le premier film de Tobe Hopper. On retrouve donc la petite famille de cannibales dans la prairie après qu’elle ait malencontreusement laissé s’échapper leur unique survivante et confrontée à la police. Première surprise, les texans fous se sont multipliés et sont maintenant près d’une dizaine repliés dans la fameuse maison. Deuxième surprise, parce qu’il est un peu retardé, porte un masque en chair humaine et a pour seule copine une tronçonneuse, Leatherface (aka le petit Jed Sawyer) est bizarrement le seul incriminé par la police. Merci les préjugés.
Pauvre Jeb, incapable de payer sa place au parc d’attractions
Alors que sa famille s’apprête à le livrer – sympa l’esprit familial – une autre meute de dégénérés sur-armée débarque. Là le réalisateur se met soudainement à remaker le début de The Devil Rejects, incendiant la maison dans un déluge de coups de feu tout en décimant tout le monde. Enfin presque… Car ces gros boulets arrivent quand même à louper Leatherface (c’est vrai que son look est facile à rater). Dans le tas, l’un d’eux en profite aussi pour récupérer un bébé à adopter (patrimoine génétique de qualité).
Tanya Raymonde (vue dans Lost) joue “la pote qui se met tout le temps en sous-tif”
Flash-forward 20 ans plus tard, on devrait donc se retrouver dans les 90’s, même si – magie – un flic finira par sortir un Iphone. Il nous est présenté Belly Buck, une jeune brune ténébreuse kiffant son petit boulot de bouchère, son tablier en cuir noir et sa passion pour la peinture sur os de poulets. Une personnalité donc subtilement écrite et ne trahissant jamais la réalité de son patrimoine génétique. Après avoir appris dans une lettre de l’avocat d’une grand-mère inconnue (normal) qu’elle s’appelait en fait Belly Sawyer, notre héroïne décide d’aller passer un week-end au Texas pour réclamer son héritage. Pour le voyage elle embarque une bande de potes proches qu’on aimerait tous avoir : un petit ami qui ressemble à un rappeur H&M, une meilleure amie qui la cocufie dès qu’elle peut et enfin le mec de cette dernière, dont tout le monde a l’air de se foutre. Après avoir récupéré un auto-stoppeur, parce qu’on sait que c’est toujours une bonne idée au Texas, et s’être frittée avec ses gros beaufs de parents adoptifs, Belly débarque dans sa nouvelle grande baraque, y rencontrant le fameux avocat qui lui remet une nouvelle lettre à lire ABSOLUMENT.
Le moment où tu te demandes si le personnage n’est pas juste analphabète
Bien sûr, Belly à plein d’autres trucs à faire – jouer au billard, se bourrer la gueule, se faire cocufier… – plutôt que de lire une courte lettre écrite par la seule personne susceptible de l’informer sur sa vraie famille. Et puis, il faut l’avouer, le film se serait arrêté net si elle l’avait fait, sa grand-mère y racontant quand même que son oncle un peu handicapé et à l’acné difficile se planque depuis vingt ans dans la cave, ne sortant que pour s’approvisionner en steaks tartares et soins de peau, et qu’il faudrait qu’elle se présente à lui en tant que Sawyer pour ne pas finir entre deux pains burger. Et puis c’est tellement mieux pour le spectateur d’avoir eu toutes les révélations dans les dix première minutes et d’attendre ensuite plus d’une heure avant que les neurones de l’héroïnes ne fassent les connections !
Le jeter de tronçonneuse, un jeu à la mode au Texas
Tu t’en doute, après cette ouverture scénaristiquement audacieuse, le tronçonneur finit par se réveiller, prêt pour le petit-déj’, et se met rapidement à dérouiller tout ce qui bouge comme dans un remake trash de l’ami Ricoré. Côté inspiration pour les attaques et autres festivités gores, c’est un peu la lose. De l’utilisation douloureuse de crocs de bouchers à la mise à sac d’une camionnette, on retrouve à peu près toutes les idées des films précédents. De même, la promesse marketing de voir l’action sortir un peu de l’éternelle “maison dans la campagne”, avec la fameuse “fête de la ville”, ne tient pas très longtemps. Leatherface reste en effet à peine trois minutes dans le parc d’attraction et le film retrouve ensuite très rapidement le décor sur-usé de l’abattoir gigantesque et peu éclairé. Côté effets spéciaux, il y a du très bon et du très bâclé, cela lors de scènes probablement écrites et tournées à la va vite après des projections tests décevantes.
Jed, habillé pour aller à la messe
Au détour de quelques scènes, le film arrive péniblement au rang du plaisir coupable recherché et de l”honnête divertissement sympathique à regarder. Mais on reste toujours très loin du premier remake produit par Michael Bay. Et pourtant… L’histoire autour des origines de l’héroïne ainsi que le traitement très “Frankenstein” de Leatherface sur le final apportait une bouffée d’air frais à la franchise. Mais les ficelles pachydermiques du scénario et des personnages tous autant antipathiques ruinent ces quelques atouts et s’efforcent de remettre le film dans le droit et ennuyeux chemin de la production ultra-prévisible… Au niveau nullité, ce nouveau métrage s’élève donc presque au niveau de The Texas Chainsaw Massacre : The Next Generation qui avait stoppé net la franchise en 1994. “Presque” puisque qu’apparemment les studios, contents de leur coup, ont déjà une suite sous le coude. Au royaume des attardés, les tronçonneurs sont rois…
Critique par Alex B