Petite perle du géant Netflix, « Ne t’endors pas » se fait discret mais mérite largement le coup d’œil. A cheval entre horreur psychologique et drame familial, on suit le parcours plus que désastreux d’un couple endeuillé prêt à offrir un nouveau foyer à un jeune orphelin doté d’aptitudes déroutantes. En effet, ce jeune garçon est capable de matérialiser ses rêves comme ses cauchemars. Un scénario prometteur et extrêmement bien manié dans ce film : un mélange du monde onirique au monde réel qui est très bien réussi. Ce passage d’un monde à l’autre permet d’illustrer les différents vécus émotionnels des personnages à travers des allégories recherchées, terrifiantes et extrêmement touchantes. « Ne t’endors pas » frappe fort, quoi de plus terrifiant que de vivre réellement ses propres cauchemars ? Très perturbante, l’ambiance sombre, très bien travaillée, s’adapte parfaitement à cette histoire originale qui fait froid dans le dos. Malheureusement le film est trop court, les éléments s’enchaînent parfois trop rapidement et le dénouement arrive alors qu’on aurait voulu plus de péripéties. Etant donné l’importance et la qualité de ce dénouement, il aurait été plus judicieux de l’amener avec plus de subtilité.
Déroutant mais pas terrifiant.
Bien que le film dérange, on ne peut pas vraiment dire qu’il effraie, c’est sans doute dû à un fond musical non abouti qui vient souvent plomber les quelques scènes frôlant l’horreur. On notera tout de même que ce film essaie au maximum d’éviter la facilité des jump scares et que tout son aspect horrifique repose sur le récit et l’ambiance unique du film.
Mais malgré ce bémol, on ne ressort pas indemne de « Ne t’endors pas », particulièrement grâce à son dénouement si touchant et à la fois si perturbant qui transporte le spectateur dans une magnifique interprétation psychanalytique de l’antagoniste. Ce dénouement ajoute une nouvelle dimension au genre de l’horreur, là où la plupart des films actuels se basent sur des possessions démoniaques ou un sadisme humain ; « Ne t’endors pas » va plus loin et offre une explication plus recherchée et donc bien plus déroutante pour le spectateur.
Une ambiance unique.
Dans l’ensemble le visuel du film convaincs, on y retrouve de très bonnes idées, des basiques efficaces ainsi que des innovations inspirantes mais on y trouve aussi de nombreuses erreurs qui parfois décrédibilisent le film. On sent également une certaine retenue (un manque de budget ou manque d’inspiration), comme le film traite des rêves et cauchemars, un travail visuel moins structuré avec plus de surréalisme aurait pu être intéressant et aurait permis à ce film de se démarquer encore plus. Le casting n’est pas incroyable, plutôt plat mais c’est suffisant pour ce film qui ne repose pas sur ses personnages.
Pour conclure on peut dire que « Ne t’endors pas » a le mérite d’ouvrir la voie à un style horrifique psycho-dramatique original, qu’il est bourré de bonnes idées et de bonnes intentions mais que le résultat final manque un peu de travail. Un diamant brut qu’un réalisateur plus talentueux aurait pu transformer en un magnifique bijou.