Outcast raconte l’histoire de Marie et Fergal, une mère et son fils en cavale pour d’obscures raisons. Une seule certitude: traqueurs comme traqués s’aident de rituels magiques déterrés d’une tradition celtique ancestrale. Réfugié dans une citée glauque d’Edimbourg, Fergal tombe amoureux de Petronella, la jolie voisine de palier, alors que rôde dans le quartier une créature mystérieuse, semant quelques cadavres sur son passage.
Ce qui frappe dès les premières minutes d’Outcast c’est l’originalité de sa direction artistique : malgré un budget que l’on devine réduit, le film arrive à imposer dès ses premières images un décor de cité écossaise décrépie en parfait contraste avec les forces ancestrales mises en scène. Le film finit par se voir comme un mélange improbable entre l’univers d’un Ken Loach, avec ce talent pour rendre crédible un quartier populaire et ses habitants, et les codes du thriller horrifique sur fond de fantasy. Outcast pioche dans les mythologies irlandaises et écossaises pour dresser en quelques scènes un background mystique assez crédible et rarement vu sur écran. Certaines séquences marquent ainsi avec force ce choc des univers à l’exemple de cette visite impromptue de Petronella dans l’appartement occupé par Fergal et sa mère, la jeune fille prenant à la rigolade les nombreux signes cabalistiques faisant office d’unique décoration. Deux univers qui semblent parfois se rejoindre au détour d’une séquence de fêtes nocturnes réunissant plusieurs jeunes un peu désœuvrés autour d’un feu entre deux barres de béton.
Le scénario arrive à développer un minimum ces personnages et s’appuie sur un casting qui est avec grand soulagement assez crédible, la production n’ayant pas opté pour l’option « beaux gosses à tout les étages ». Bref, on est plutôt heureux de ne pas avoir affaire à l’habituelle victime bon chic bon genre et les deux adolescents sont plutôt crédibles dans leurs rôles (avec mention spéciale pour Fergal et sa coupe de cheveux de footballeur écossais des années 80). Kate Dickie (qu’on retrouvera dans le Prometheus de Ridley Scott) est quant à elle parfaite dans le rôle ambiguë et sévère de la mère adepte de sorcellerie: son personnage finit par paraître aussi menaçant que les deux chasseurs. Le film donne aussi l’occasion de retrouver à l’écran le charismatique James Nesbitt (« Jekyll » et bientôt “Bilbo“) ici de plus en plus inquiétant dans son rôle de récent converti aux rituels magiques et prêt à tout pour gagner des points en liquidant le jeune garçon.
Le film se permet quelques débordements gores au moment des assauts de la créature. Le look de cette dernière, révélé seulement dans les dernières minutes, est d’ailleurs plutôt original et bien foutu, la réalisation utilisant avec intelligence quelques outils basiques de post-production pour accentuer sa difformité et ses origines démoniaques.
Petit budget mais ambition certaine… Outcast n’est certes pas complètement maitrisé, peinant un peu à trouver son équilibre entre la romance naissante et la cavale du duo mère/fils quand le film ne se ponctue pas d’interludes “film de monstre”. La partie sentimentale en souffre un peu, surtout quand l’histoire entre les deux chasseurs commence à prendre plus d’importance. Mais le résultat à l’écran est suffisamment original, intelligent et bien interprété pour qu’on y prenne un plaisir certain.
DVD déjà dispo en UK
Critique par Alex B