Et si le père noël n’était pas le gros barbu sympa squattant les pubs coca cola mais plutôt une variante quasi-démoniaque du père fouettard ?
Sur ce pitch de départ, le finlandais Jalmari Helander livre un conte de noël alternatif et original. Le film s’ouvre, quelques jours avant Noël et au fin fond de la Finlande, sur des fouilles menées par une étrange multinationale. Une boule de glace géante est découverte, s’avérant être la cage ancestrale du père noël. Alors que les enfants des villages avoisinant disparaissent peu à peu, un gamin et son père découvrent coincé dans leur piège à loup un vieux barbu à l’allure inquiétante. Persuadés qu’ils détiennent le vrai père noël et accompagnés d’autres chasseurs, la petite troupe essaie de revendre le vieux bonhomme inquiétant à la société responsable des fouilles.
Il se dégage un certain esprit « spielbergien » de cette intrigue vue au travers des yeux d’un enfant. Tout comme chez Joe Dante, les thèmes chers à certaines productions des années 80 telles que les Goonies ou Gremlins réapparaissent dans Rare Exports, que ce soit la relative absence de la figure paternelle, l’incursion d’un merveilleux aussi inquiétant qu’au final salvateur pour la famille ou l’abandon du pouvoir parental au profit de l’enfance. Face à un vieux sadique ancestral et ses suppôts elfiques tout comme face à la crise économique ici symbolisée par le massacre d’un troupeau de rennes, unique source de revenus pour nos protagonistes, le film recommande une ouverture d’esprit face au merveilleux propre à l’enfance mais aussi dans la capitalisation de cette fantaisie. Et là le film sort de l’esprit Hollywoodien pour s’aventurer sur les terre d’un humour à froid sûrement plus finlandais et un certain sens pratique aux limites du cynisme.
La plus grande qualité du film tient donc en partie à sa représentation du père Noël, des elfes et de l’intérêt désormais vital pour les enfants – tout comme les adultes – d’être sages. Un antidote aux mièvreries cinématographiques dopé par des effets assez flippants. Il faut dire que mettre en scène de vieux barbus agressifs, complètement nus et en quête d’enfants à capturer reste assez impressionnant. Au niveau des moments de tension, on retiendra surtout les scènes situées dans la grange et montrant les chasseurs en plein examen d’un individu que le spectateur sait potentiellement dangereux. Le film se rapproche aussi un peu de La Cité des Enfants Perdus (Caro et Jeunet) dans sa représentation anticonformiste des enfants, ici considérés comme de petits adultes, tirant au fusil dès leur plus jeune âge et mettant leur vie en danger pour la communauté.
Un des seuls reproches que je pourrais faire au film, en plus d’une caractérisation un peu superficielle des adultes au profit du gamin, au demeurant excellent, serait son rythme un peu ramassé sur le final. Une fois les personnages rentrés dans l’action, l’intrigue se dénoue un peu trop vite et facilement. Les adultes, jusque là réticents aux dires du gamin, se mettent à suivre ses ordres sans aucune protestation et tout semble couler de source, au détriment d’une quelconque tension. On regrettera aussi l’absence relative et frustrante de véritable climax. Un peu comme si, dans Le Silence Des Agneaux, Hannibal Lecter n’avait pas son lot de séquences horrifiques après une heure de mise en cage. Certains pourraient aussi être rebutés par un final qui change complètement de registre pour décoller dans une fantasy aussi absurde que cynique. Le film s’achève ainsi sur une idée de business atypique et que n’auraient pas renié les Monty Python, affirmant un peu plus l’originalité de ce métrage inclassable et à découvrir de toute urgence.
Critique par Alex B
BONUS
Le film fait suite à deux courts métrages qui développaient déjà un peu l’univers du film. Dans ces pastiches de vidéos d’entreprises – avec ici un business très spécial… – une voix off nous y présente les origines du père noël, créature lapone extrêmement difficile à capturer et qui doit être dressé correctement pour pouvoir accueillir des enfants sur ses genoux. Tu peux voir ces courts multi-primés ci-dessous :