Deux ans après le premier remake joyeusement exécuté par Alexandre Aja, la poiscaille préhistorique est de retour pour un Piranha 3DD filmé cette fois par John Gulager.
Sur une trame calquée sur le premier épisode (et si l’on va plus loin, sur tous les films de prédateurs marins depuis les Dents de la Mer), le réalisateur transpose une formule déjà bien rôdée sur ses deux Feast : compenser un manque de moyens par un mauvais goût rentre-dedans et une somme d’idées extrêmement débiles au point de parfois laisser dubitatif. Ici, cet humour d’ado attardé finit même par éclipser « l’intrigue » principale à coups, entre autres, de pets de vache (morte) et de maître-nageur obsédé sexuel (et se soulageant régulièrement dans une arrivée d’eau).
Le film a effectivement tout misé sur le double D
L’histoire est évidemment sans surprise : on remplace la plage par un parc aquatique (au potentiel d’ailleurs ridiculement peu exploité), le maire de la ville par un manager véreux, on y ajoute un pauvre triangle amoureux entre une jeune biologiste prude (Danielle Panabaker), un geek qui a peur de l’eau et un jeune shérif crétin et voilà ! Ne reste plus qu’à envoyer les piranhas aller mordiller les fesses de nageurs qui n’ont pourtant que deux pas à faire pour sortir de leurs piscines… En même temps, difficile d’en demander trop de la part des scénaristes de Saw 3D : Chapitre final.
Un des rares plans utilisant le potentiel ludique du parc aquatique
Même s’il pousse le bouchon très loin avec son parc aquatique transformé en « bar à strip tease aquatique » occasionnant des plans de nudité intégrale d’une gratuité totale dès ses premières minutes, Piranha 3DD peut par contre agacer par ses reprises un peu trop voyantes du film d’Aja. David Koechner et son personnage d’animateur d’orgie aquatique, avec sa bande de « wet girls », est ainsi directement calqué sur le personnage interprété par Jerry O’Connel dans Piranha 3D et cette suite se permet même de reprendre l’utilisation plutôt inédite d’une musique classique…
Quelque peu oubliée par le scénario, Danielle Panabaker
essaie de relever l’intérêt de son personnage
Pour une séquelle s’ornant d’un double-D, on imaginait que la production allait mettre les bouchées doubles questions Spring Break de l’horreur. Mais comparé au dantesque final concocté par Alexandre Aja pour le premier épisode, celui-là déçoit forcément – les CGI, systématiques, sont parfois bien trop grossiers – et ne livre jamais de réelle vue d’ensemble du carnage. Déception aussi concernant le Piranha géant qui clôturait le premier épisode et ici tellement mal filmé qu’on ne le distingue même pas de ses congénères de taille normale.
Ving Rhames se la joue Planet Terror!
Reste en préambule du final quelques scènes d’attaque plutôt bien senties, les piranhas se montrant plus agressifs que jamais, transperçant les planches d’un promontoire ou bien jaillissant de l’eau pour attaquer leurs victimes sur la berge.
Katrina Bowden (qui se retrouve avec des dialogues de film X), Ving Rhames, Christopher Loyd, Gary Busey et David Hasselhof dans son propre rôle n’y changent rien, même si Gulager leur réserve les meilleurs scènes : Piranha 3DD est sans queue ni tête, parfois fun dans ses saillies d’humour noir (oups un enfant !) mais la plupart du temps bouffie jusqu’à l’overdose d’une vulgarité forcée et ennuyeuse, perdant le pari du « tellement mauvais qu’il en est bon ».
Critique par Alex B
Suivre @AlexSleepless