#Critique Rabid

Rabid (2019)

Note
7/10
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Après un accident de moto qui l'a complètement défigurée, une jeune femme est soignée par un chirurgien esthétique. Il en profite pour faire une expérience aux conséquences inconnues.

Dernière production des sœurs Soska, Rabid est le remake d’un film de David Cronenberg, sorti en 1977. On suit ici l’histoire d’une jeune femme travaillant dans la mode qui se retrouve défigurée suite à un accident. Une étrange clinique lui propose alors un traitement expérimental miraculeux.  En parallèle de son rétablissement, une dangereuse épidémie incontrôlable sème la panique dans la population (scénario en plein dans l’actualité !). Simple et efficace ? Pas vraiment. Rabid est plus complexe qu’on ne le croit. A première vue, le film traite de l’acceptation de soi, de l’importance accordée à l’apparence et des changements d’identité. Des thèmes forts, récurrents dans le bodyhorror mais maladroitement interprétés dans cette nouvelle version. Le jeu trop approximatif de l’actrice principale exagère l’évolution du personnage et va jusqu’à la caricature. Ce personnage manquant de cohérence et de caractère, cela détruit le bon déroulement de ces thèmes forts. Malgré cela, on retrouve beaucoup d’éléments réflexifs plus ou moins cachés dans ce film, en apparence, superficiel. Notamment des questions de pouvoir, de confiance en soi, de morale et de droit et respects sur l’équilibre de la vie.

Rabid reste néanmoins un film de série B et ne s’en cache absolument pas. Au contraire, il joue avec les codes et n’hésite pas à mélanger les genres. Le style cartonné et bâclé n’est pas un manque de talent des cinéastes mais bien un choix artistique réfléchi. Les sœurs Soska ont choisi de rendre hommage au genre Grindhouse en s’attaquant à une œuvre du roi du bodyhorror. Un choix ultra-audacieux qui mérite le coup d’oeil.

Totalement déconstruit, Rabid est délirant ! Une sorte d’essai novateur, on a l’impression qu’il est à l’aube d’un nouveau genre. Comme si les sœurs Soska avaient réussi à oublier tout ce qui a pu être fait jusqu’ici et, créer un film original directement issu du début des années 70. Cet effet vintage est porté par le visuel du film. Non loin de The Thing, les effets spécieux et maquillages ne sont pourtant pas anachronique ; un aspect vieilli judicieusement intégré avec une caméra timide qui laisse beaucoup de place au hors champ. Un hors champ trop souvent oublié dans les films actuels et pourtant bien plus à même d’effrayer le public.  Là où beaucoup auraient trop montré, Rabid ne dépasse la limite qu’aux moments les moins opportuns pour surprendre le spectateur. Un joli tour de passe-passe à mi-chemin entre maladresses faute de budget et coup de maitre avec les moyens du bord.

Image du film "Rabid"

© 2019 Back 40 Films − Tous droits réservés.

Objectivement, Rabid n’a pas de quoi rivaliser avec des monstres de son année tels que Midsommar ou The Lighthouse. Mais il nous rappelle qu’il est possible de faire de la qualité avec un budget serré et une faible visibilité. On a l’habitude de voir des budgets colossaux gâchés dans des navets vus et re-vus, Rabid vient comme en opposition à cela et franchement : ça fait un bien fou !

Par Joanny Combey

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