Les amateurs de la célèbre franchise vidéoludique zombiesque ont depuis longtemps cessé de formuler le moindre espoir vis à vis de sa cousine cinématographique, série pétaradante à succès s’éloignant un peu plus de l’esprit des jeux à chaque nouvel opus. Pourtant, il fut un temps où le projet Resident Evil avait de quoi titiller l’amateur friand de morts-vivants vicelards et de terreurs nocturnes au fort pouvoir traumatique. Initialement pressenti pour réaliser une adaptation qui se serait voulue extrêmement fidèle aux deux premiers jeux originaux, George A. Romero fut évincé par Capcom après avoir lu et refusé le scénario du metteur en scène. Trop politiquement engagé ? Trop old school pour captiver une audience adolescente peu concernée par l’horreur à l’ancienne ? L’état de la saga cinématographique depuis sa triste naissance semble bien prouver qu’il n’était en aucune façon prévu de réitérer l’exploit horrifique du jeu vidéo…
Flash-forward de 10 ans. Septembre 2012. Le dernier épisode frelaté des aventures d’Alice au pays des merveilles en fucking relief trop-chanmé-la-3D-téma-la-grosse-hache-qui-t’arrive-dans-la-gueule-comment-ça-déchire-trop-sa-mère sort donc chez tous les vendeurs de pop-corn et autres boissons sucrées pour mieux te balancer en pleine pupille toute sorte d’objets aussi tape-à-l’oeil que narrativement inutiles à toi, jeune spectateur féru d’effets chocs et pop à l’esthétique aussi bariolée que numérisée. Il faut dire qu’il n’y a plus grand chose d’autre à raconter dans ce cinquième volet que le cheminement chaotique de personnages stéréotypés se déplaçant d’un point A à un point B sans s’inquiéter une seconde d’exister dans ce monde d’apocalypse narrative. Permettez-moi donc, chers lecteurs, de ne pas perdre mon temps à vous raconter par le menu les tenants et aboutissants d’un pitch réduit ici à sa plus simple expression, c’est-à-dire résumé à son maigre fil rouge dont l”originalité n’a d’égale que son évidente inefficacité.
Alice (Milla “high-kick dans ta face” Jovovich) en est la cause, centre d’attention permanent de scénarios rachitiques focalisant sur ce personnage dénué de formes et de charmes sans même prendre le temps de dépeindre avec précision l’univers dans lequel il s’inscrit. Cette erreur grossière d’orientation contraignit les scénaristes successifs à s’engager sur la voie de l’horreur glamour et du gore propre, préférant mettre en avant un merchandising de vitrine de supermarché plutôt que de véritables ambitions artistiques (Milla est belle, Milla est people, Milla ne joue pas dans des films d’horreur glauques abritant des zombies bien dégueulasses). Tout est donc pensé en terme de séquences paroxystiques linéairement agencées et basiquement connectées entre elles par un objectif vaguement défini. Alice défouraille un zombie au shotgun, Alice déboîte un clébard en coup de pied retourné, Alice fait péter le décor en esquivant la belle pyrotechnie dans un splendide saut de l’ange laissant son brushing intact. Car c’est bien là la grande malédiction de cette série pathétique : justifier son existence par l’étalement d’une poudre aux yeux qui ne trompe plus personne depuis longtemps.
A l’image de mauvaises montagnes russes, amusantes au premier tour mais carrément insipides les tours suivants. On en est aujourd’hui au cinquième. Il serait peut-être temps de ranger les lunettes 3D et de passer à autre chose.
Critique par Nicolas Dehais