Dernière sensation du Tribeca Film Festival, Resolution était également au programme du dernier Etrange Festival.
Le film commence sur une étrange vidéo : un barbu à casquette complétement défoncé au crystal meth trippe joyeusement dans les champs. Ces images, Michael les regarde avec nous, assis dans l’obscurité de son bureau alors que sa femme enceinte dort à côté. Car l’homme s’agitant sur l’écran est son meilleur ami, Chris. Décidé à le désintoxiquer, il imagine un plan d’isolement pour le moins extrême et qui sera bientôt mis en danger par les locaux rôdant aux alentours.
Justin Benson et Aaron Moorhead, les réalisateurs, affirment qu’ils n’ont vu aucun film de David Lynch. Un probable mensonge pour éviter toute discussion sur le sujet. Car Resolution emprunte quand même beaucoup à l’univers du réalisateur de Blue Velvet et on pensera notamment à quelques scènes clés de Lost Highway où Bill Pullman visionne le contenu d’une VHS mystérieusement laissée sur le pas de sa porte.
Comme dans Twin Peaks, Resolution dépeint la campagne américaine comme peuplée d’autochtones étranges : white trash constamment défoncés, indiens flippants, scientifique européen aux folles théories… Sous la cocasserie de cette microsociété affleure au fil du film une violence et tension sourde. On sait d’emblée que tout va mal finir et le scénario abonde en ce sens, accumulant presque de manière comique les détails inquiétants. Une somme d’éléments brouillant les pistes quant au genre du film (buddy movie ? thriller occulte ? comédie pour drogués ?) et servant au final une « résolution » du film un peu trop tirée par les cheveux. Tout cela aboutira surtout sur une énorme frustration, le scénario nous faisant ainsi le coup du final en forme de « nous allons enfin vous montrer la réelle nature du…. GENERIQUE DE FIN ». La blague (Souviens toi “Le Dernier Exorcisme”)…
Porté par deux acteurs brillants, le duo d’amis fonctionne très bien à l’écran et le scénario retranscrit assez subtilement la complexité de leur relation. Le toxico finit même par devenir bien plus sympathique que le docteur du dimanche dont les bonnes intentions se nimbent d’une perversité certaine. Une attention portée essentiellement sur les personnages qui pose quand même un problème : on finirait presque par trouver le temps aussi long qu’un junkie en attente de son prochain fix. Resolution souffre ainsi de quelques problèmes de rythme et donne un peu l’impression de tourner en rond malgré la succession de rencontres incongrues et cela avant l’irruption du fantastique dans le dernier quart d’heure.
Resolution est donc une légère déception. Si le film assure une ambiance originale et dépeint une relation attachante entre deux personnages forts, on regrette par contre une intrigue générale qui patine beaucoup pour ne dire (ou même figurer) finalement pas grand-chose.
Critique par Alex B
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