Un tueur s’attaque aux femmes enceintes en les éventrant pour faire disparaitre le foetus. Les enquêteurs découvrent avec horreur que ces femmes étaient en fait les épouses de deux collègues. Les inspecteurs arrêtent un jeune homme de 23 ans et réalisent qu’il se venge pour une affaire ayant eu lieu six mois auparavant…
Tu trouvais déjà Josie Ho plutôt roublarde avec son Dream Home, slasher ultra-gore joliment exécuté mais un peu trop maquillé en pseudo-réflexion sur la crise économique et immobilière ? La nouvelle production de 852 Films, société de production de l’actrice, pousse le bouchon un peu plus loin dans le déguisement maladroit avec ce Revenge: A Love Sory, un revenge flick à la coréenne, alternant séquences trash et amourettes légères entre deux tirades sur le pardon digne de la Philo selon Philippe.
Un des nombreux cadavres hantant cette histoire d’amour (très) contrariée
On retrouve donc pêle-mêle l’outillage du category 3, en version light toutefois, le film étant quand même bien loin des excès d’un Ebola Syndrom. Cela passe tout d’abord par la description d’une société nihiliste au dernier degré, où les hommes semblent tous être des violeurs psychopathes en puissance. Pour en rajouter une couche dans la cruauté, Le film crée un contraste fort en présentant ses deux personnages principaux comme purs et innocents, soit ici deux jeunes qui n’aspirent qu’à vivre d’amour et d’eau fraîche mais qui seront broyés par un système corrompu. Pour en rajouter une couche dans le contraste, le casting a choisi Sola Aoi, ex-actrice porno japonaise, pour incarner la belle promise, la barrière de langue chinoise l’ayant sûrement un peu aidé pour son interprétation d’une autiste.
Pourtant on lui avait dit de bien se laver les oreilles…
Deuxième effet du Category 3 : la violence choque et dérange, et est ici assurée largement par notre ex-gentil héros qui, pour un simple d’esprit, a une vision résolument hardcore de la vengeance. Le benêt du début du film se transforme ainsi en deux coups de couteau en expert de la césarienne sans anesthésie. Lassé de ne s’en prendre qu’à des femmes sans défense, notre tueur massacre aussi de temps à autre un flic qui aurait le malheur d’être sur son chemin, l’occasion d’ailleurs d’une séquence d’ouverture en un plan unique complètement glaçant. A noter que les flics assurent aussi de leur côté une partie du boulot, organisant viols collectifs et séances de tortures sur leur temps de travail.
Wing croit entendre le fantôme de sa grand mère fraîchement décédée
Enfin le Category III se doit de suivre un scénario, ici co-écrit par l’acteur principal, qui part n’importe comment, privilégiant la force des effets, ici des retournements et morts en pagaille, un final grotesque et une temporalité éclatée. Le film suit de plus et de manière complètement ostentatoire une structure en chapitres. Les intitulés de ces derniers, écrits par le scénariste, semblent tout droit sortis des versets de l’apocalypse, annonçant progressivement l’ère où Dieu et Diable se tiendraient main dans la main comme deux gays bibliques, image un peu lourdingue pour signifier une réflexion des scénaristes sur l’absurdité du manichéisme.
L’histoire s’apparente un peu trop à une succession de vignettes filmées de manière la plus emphatique possible afin de donner une caution sérieuse au métrage. La direction artistique reste inspirée, fait rare pour ce type de film, se permettant même d’aligner quelques visions surréalistes comme ce cadavre féminin d’un blanc cireux, des vues subjectives rêveuses et des ralentis épiques. La réalisation générale, récompensée au dernier festival de Moscou, est donc chiadée, et la bande son toute en nappes graves distille tout le long une atmosphère chargée de tensions sourdes.
Gavé jusqu’à plus soif de séquences marquantes et à la direction artistique ultra-soignée, on apprécie forcément un minimum le spectacle et les subtilités de réalisation affichées par ce Revenge : A Love Story. Reste que le manque de cohérence, d’intelligence et de finesse dans le propos laisse un sentiment durable de grand vide après visionnage.
Critique par Alex B
Suivre @AlexSleepless