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Revenge

Affiche du film "Revenge"

© 2018 Monkey Pack Films − Tous droits réservés.

Revenge, le premier film de la française Coralie Fargeat, s’est taillé une place de choix dans plusieurs festival nationaux (PIFFF, Gérardmer) mais aussi dans le monde entier (Sundance). Depuis début 2018, il a été vendu comme la nouvelle sensation du cinéma de genre francophone (comme le fût Grave en 2017).

Mais les deux films n’ont finalement pas grand-chose à voir, au-delà du fait d’être réalisé par deux femmes, ils ont surtout une manière commune de bousculer le ronron du cinéma français. Mais celui de Fargeat est beaucoup plus frontal.

Pour son tout premier film, l’intention de la réalisatrice était de raconter “l’histoire de la mue d’une femme. Frivole et candide, soumise au désir des hommes qui ne la voient qu’à travers le prisme d’un objet de plaisir devant les satisfaire quitte à en mourir, elle va renaître en une femme dure et animale, que plus rien ni personne ne pourra manipuler ou abuser”.

Sur le papier, Revenge s’engage dans le sous-genre du Rape & Revenge, puissamment codifié et crasseux. Un défi compliqué pour un premier film, qui risquait de se perdre dans un flot de références indigestes.

Même si Revenge emprunte exactement le canevas narratif attendu, il essaie surtout de légitimer la décharge de violence par le parti pris ouvertement féministe de sa réalisatrice. Car c’est probablement là que le film interpelle, surprend et sort indéniablement du lot.

On ne va pas discuter de la crédibilité du scénario, qu’on qualifiera de léger, mais une fois accepté ses quelques invraisemblances, on se laisse captiver par cet OVNI haletant. Car la mise en scène fourmille d’idées et épate par sa capacité à créer des plans sophistiqués, excessifs, d’une précision folle dans leur éclairage et leur scénographie. Au-delà de l’extrême violence de certaines scènes, elles se caractérisent aussi et surtout par leur esthétisme. Une stylisation poussée jusque dans la caractérisation des personnages, en particulier l’héroïne, iconisée en une sorte de nouvelle super-héroïne.

Si la mise en place de l’intrigue est un peu longue et souffre du jeu moyen des acteurs masculins, le rythme ne baisse plus une fois la traque commencée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette chasse est sanglante. Voire gore. Une ultra-violence presque jubilatoire. On admire le rythme du film et sa capacité à maintenir une tension qui ne faiblit plus jusqu’au générique final. Une tension entretenue par des plans panoramiques lents et superbes, qui font place à des plans séquences époustouflants.

L’aspect le plus féministe du film n’est pas dans ce qu’il montre ou raconte, mais dans ce qu’il est. Ce film furieux, pas différent de ceux réalisés par des mecs (Wes Craven, Tarantino… ) abolit tout simplement l’idée du genre de la personne derrière la caméra pour être juste “un film d’horreur”.  La force de Revenge, c’est bien de passer au-dessus des intentions de ses concepteurs, pour s’affirmer comme un pur film de genre terriblement efficace.

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