Lors de sa sortie en 1998, le premier « Ringu » a marqué l’horreur en introduisant le personnage de Sadako au reste du monde alors que son réalisateur, Hideo Nakata, nous plongeait dans son univers macabre avec vidéocassette qui hantait et tuait ses victimes 7 jours après le visionnage de son contenu. Il récidiva avec « Ringu 2 » en 1999. On vous épargne les anecdotiques « Ring 0 » et « Sadako 3D » sortis ces dernières années.
En 2019, Hideo Nakata nous revient avec un nouveau chapitre intitulé « Sadako », présenté en première nord-américaine au Festival Fantasia.
Croyant que sa propre fille est la réincarnation de Sadako, une mère tente de la brûler vivante ainsi que leur appartement. Alors que la mère périt, la jeune fille survit aux flammes et se retrouve mystérieusement à l’aile psychiatrique de l’hôpital du quartier. La psychologue Mayu Akikawa (l’actrice Elaiza Ikeda) la prend alors en charge et la garde à l’œil puisque l’énigmatique fillette ne dit pas un mot et que des événements de plus en plus étranges surviennent en sa présence. Pendant ce temps, le frère de la psychologue, un Youtubeur qui rêve un jour de devenir immensément célèbre, décide d’aller se filmer dans l’appartement incendié après avoir pris connaissance des rumeurs. Ce dernier disparait subitement, forçant sa sœur à se mettre à sa recherche pendant que la diabolique Sadako la poursuit à son tour.
Malgré ce qu’on pouvait en attendre, ce « Sadako » tombe à plat. Bien que le jeu des acteurs soit crédible, les longueurs interminables des dialogues et le manque de divertissement visuel finissent par endormir les spectateurs. Le personnage de Sadako est quasi-inexistant dans le film, remplacé par la jeune fille possédée qui ne suscite pas du tout le même effet de frayeur. Une scène intéressante (quoique déjà vue) impliquant Sadako, une télévision et un puits évoquera des sentiments de nostalgie pour les fans de la série « Ringu », mais sans plus.
La réalisation manque aussi de constance. Alors que la mise en scène est parfois intéressantes, avec des angles de caméra qui varient pour éviter la monotonie visuelle, les dialogues longs et inutiles ternissent toute prouesse exercée par la caméra. De plus, la trame sonore est parfois appropriée pour une scène et ruine totalement l’ambiance lugubre dans une autre scène.
Il est surprenant d’avoir un chapitre aussi décevant en « Sadako » qui provient du même réalisateur qui créa un succès monstre avec « Ringu ». Le scénario réussit tout de même à s’adapter à la technologie moderne (un Youtubeur qui diffuse en direct vient en contraste avec la VHS du film de 1998) tout en gardant la nostalgie du personnage de Sadako, voilée par sa chevelure épaisse, renfermant un visage et des yeux terrifiants. Toutefois, ces aspects positifs ne compensent pas le manque d’intérêt du spectateur face aux longueurs des conversations entre les personnages. Si on ajoute un scénario totalement inerte, alors on obtient un coma quasi-total de la part du public.
Ce nouvel opus de la saga « Ringu » n’est pas une honte intégrale, mais il reste tout de même un épisode oubliable dans ce célèbre univers de l’horreur japonais.
Par Simon Rother