30 ans après sa première adaptation au cinéma, Simetierre, l’ouvrage culte de Stephen King, a droit à une nouvelle version en cette année 2019. Considéré par certains comme le meilleur roman du maître de l’horreur, le livre « Simetierre » a traumatisé toute une génération lors de sa sortie dans les années 80. Une atmosphère mystérieuse, une histoire familiale plutôt classique mais surtout de gros chocs disséminés dans l’histoire (Gage !) qui vont emmener le lecteur toujours plus loin dans l’horreur. En surfant sur son sujet de prédilection (la mort) puis en l’emmenant toujours plus loin, Stephen King a réussi à choquer mais aussi à toucher. Derrière l’horreur, l’auteur était parvenu à une magnifique réflexion sur le deuil qui finit par fissurer une famille.
L’adaptation de 1989 réalisée par Mary Lambert – et scénarisée par King lui-même, s’est révélé être un film glaçant, réflexif et osé, au final l’une des meilleures adaptations d’un roman de Stephen King, à la fois totalement fidèle mais aussi ambitieuse. La pression était donc forte sur ce remake de 2019, Alors, pari réussi ?
On passe un bon moment devant le film des réalisateurs Kevin Kolsch et Dennis Widmyer, c’est plut^pt divertissant de retrouver cette histoire sur grand écran et de s’amuser au jeu des 7 erreurs. Et on finit même par se laisser prendre par l’histoire, même si elle semble sur pilote automatique. Le film n’abuse des jumpscares et sursauts de bas étage, préférant distiller l’angoisse et le trouble au fil des scènes. L’ambiance mystérieuse y est. Les sentiments un peu moins. Car le propre de cette histoire est de servir de l’horreur comme prétexte pour parler du deuil, de l’acceptation de la mort et des relations familiales compliquées.
Mais malgré les efforts louables des acteurs Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow, on n’est pas assez touchés par le drame vécu par la famille Creed et la tragédie s’efface peu à peu au profit de l’horreur démonstrative qui dénote un peu avec le ton général du film. Reste un certain savoir-faire dans la mise en scène, une jolie photographie. Suffisamment pour créer une atmosphère prenante le temps du visionnement, mais pas assez pour rester dans les mémoires.
Ce Simetierre version 2019 va forcément souffrir de la comparaison avec celle de 1989. A cause des nostalgiques du genre qui sont toujours dans le “c’était mieux avant” et ceux qui crachent sur tout ce qui est nouveau. Car ce nouveau film emprunte des chemins radicalement différents et tente d’instaurer des nouvelles trames narratives : le film ose faire des choix scénaristiques diamétralement opposés au matériel de base, ce qui ne manquera pas de faire polémique auprès des amateurs du genre. L’acte final crucial est ici totalement modifié, et on pourra difficilement reprocher au film d’essayer de proposer quelque chose de nouveau, à l’heure où le cinéma grand public manque d’inventivité.
Assez ludique et proprement exécuté avec notamment une direction artistique soignée, Simetierre offre un moment horrifique globalement plaisant et frissonnant, ponctué de quelques scènes graphiques assez admirables qui viennent servir un film privilégiant la sobriété de l’atmosphère à l’enfilade de jump-scare faciles. A l’arrivée, un exercice divertissant mais oubliable à cause du manque d’émotion.