Très bonne surprise de 2012, Sinister voit le réalisateur de l’Exorcisme d’Emily Rose apporter une touche originale et très noire au genre du film de maison hantée mais aussi de malédiction.
Le film suit Ellison, auteur de romans d’investigation criminelle quelque peu has-been qui emménage dans une maison avec toute sa famille sans prévenir cette dernière que des meurtres se sont déroulés dans leur nouveau jardin. Il découvre dans son grenier une boite de vieux films qui vont se révéler être des images de meurtres d’autres familles. Certain de tenir là le sujet qui relancera sa carrière, Ellison n’appelle pas la police et décide de mener lui-même l’enquête. Un choix qui va rapidement le mettre sur le chemin d’un certain Mr Boogie, croque-mitaine pas comme les autres…
Ellison, hanté par ces images qui le dépassent, bientôt possédé…
Sortant des sentiers battus du genre, Sinister tient pendant ses deux premiers tiers plus du thriller criminel que du film de terreur teinté de surnaturel. Loin d’être une resucée d’Insidious, avec un personnage démoniaque s’attaquant à une famille nombreuse, le scénario joue donc sur l’ambiguïté entre les genres, la frontière entre ce qui est réel et ce qui relèverait de l’imagination d’un auteur en pleine crise existentielle étant floue jusqu’aux derniers moments. Un sentiment angoissant alimenté par le choix audacieux de se centrer entièrement sur le point de vue d’Ellison, cela quitte à laisser de côté le développement des autres membres de la famille dans tous les cas écartés du récit par l’égocentrisme du personnage principal. Une écriture donc cohérente et qui nous ramène régulièrement sur la piste d’un serial killer humain alors même que le film se charge d’effets horrifiques clairement surnaturels et de jump-scares bien sentis tournant autour d’une figure flippante planquée dans les films maudits.
Ok cet effet était un poil too much
On aura également rarement vu ces dernières années un film de genre aussi sombre au cinéma, cela même dans la forme : la caméra nous plonge souvent dans l’obscurité la plus complète et la bande-son, en oscillant régulièrement vers la musique concrète, sait jouer avec nos nerfs. Pour ce qui est de l’histoire, régulièrement ponctuée par ces scènes tétanisantes de meurtres filmés en Super 8, Sinister se vit comme une véritable plongée dans les ténèbres, s’avérant de plus en plus désespéré et malsain au fil des avancées de l’enquête. Au détour de certaines scènes de projections nocturnes, la caméra s’allumant comme par magie, on pense très fort au premier The Ring, source d’inspiration assumée en interview par le réalisateur, qui montrait déjà une journaliste à la moralité au final très ambiguë embarquer son enfant dans les affres d’une malédiction au détour d’images interdites.
Un film interdit aux parents ?
Le film n’est pourtant pas parfait et on trouvera certaines scènes de terreur nocturne un peu redondantes. Sinister aurait peut-être également gagné à être un peu moins long même si finalement Scott Derrickson gère très bien les montées de tension et l’incursion de plus en plus marquante du fantastique. On se serait peut-être passé de quelques apparitions de spectres, un poil facile et déjà vu, cela même si les bonnes idées abondent (le déplacement au ralenti par exemple). Enfin on aime moyen la ficelle scénaristique de “l’expert en crimes occultes” qui dévoile tout les mystères en 5 minutes sur Skype. Un peu gros et soudain…
Avec une imagerie impressionnante de noirceur, Sinister est donc une franche réussite du genre et un film jusqu’au-boutiste comme on n’en voit que trop rarement.
Critique par Alex B
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