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Sweetheart

Affiche du film "Sweetheart"

© 2019 Blumhouse Productions − Tous droits réservés.

Sorti en 2019, “Sweetheart” est un huit-clos/survival dont on a peu entendu parlé. Porté par les studios Blumhouse, le film est réalisé par JD Dillard et écrit par Dillard, Alex Hyner et Alex Theurer. L’héroïne s’appelle Jennifer Remming : une jeune femme qui se retrouve sur une île déserte suite à une tempête qui a fait échouer le bateau où elle se trouvait avec son chéri Lucas et ses potes Mia, Zack et Brad. Seule et effrayée, Jennifer va devoir survivre et affronter une créature qui chasse ses proies sur l’île pour les emmener au fond de la mer…

Dès le début de “Sweetheart”, on est dans l’ambiance. Avec un très beau travelling sous l’eau, on ne peut que penser aux “Les Dents de la Mer”; un plan très réussi qui se termine aux pieds de Jenn, qui émerge au bord de la plage. Une bonne manière de nous mettre directement en condition. Dans les premières minutes, le réalisateur nous transporte avec intelligence dans la découverte de ces lieux paradisiaques mais hostiles, en suivant Jennifer dans sa quête vers l’inconnu, alors qu’elle va tout faire pour venir en aide à un de ses amis, gravement blessé. C’est pour cela que le film fonctionne et qu’il arrive à embarquer le spectateur : le réalisateur parvient à nous mettre à la place de l’héroïne, de part son récit “survival” qui entraine forcément l’empathie, mais aussi par des plans de caméras malins.  La réalisation est magnifique, bien aidée par un décor paradisiaque. Même avec un budget réduit, et grâce à de nombreuses trouvailles de mise en scène, JD Dillard arrive à nous faire angoisser, de jour ou de nuit, ce qui est rare et difficile à concrétiser dans le cinéma de genre. L’actrice Kiersey Clemons livre une belle performance tout en naturel dans le rôle principal. Elle porte le film sur ses épaules avec conviction et talent. De plus, la présence d’une femme noire dans le rôle principal d’un film d’horreur est suffisamment rare pour être encouragé.

Concernant les effets spéciaux, ils sont en général bien exploités et même si parfois, la créature fait penser à un épisode de « Chair de Poule ». Les CGI numériques sont évités sur la plupart des plans, et c’est plutôt une bonne nouvelle. C’est assez étrange qu’une production Blumhouse telle que celle-ci soit passée inaperçue, mais ce n’est pas non plus le seul film qui soit sorti en VOD (« Prey », par exemple). En voyant le film en 2020 avec tout le contexte du mouvement Black Lives Matter, on ne peut pas laisser passer une scène spécifique du film sans l’aborder… Même si la scène est minimisée, la relation amoureuse de Jenn et Lucas porte une certaine ampleur dans l’histoire, mais cette relation est bizarre et provoque le malaise. Sans spoiler l’histoire, Lucas et Jenn discutent en privé après que Jenn se soit faite agresser et attacher à un arbre. Elle demande à Lucas de la détacher mais Lucas profite de ce moment pour avoir son attention et lui dire quelques vérités. Ce moment dure peut être 3 minutes, mais quand on analyse le fait que Lucas, de couleur blanche, préfère ignorer sa chérie et la laisser attachée, on comprend le pouvoir exercé sur elle et l’épisode encore plus traumatique que cela représente pour cette jeune femme. Cela renforce l’attachement de l’audience à cette héroïne qui devra affronter son destin, en ne comptant que sur elle-même.

Poignant, effrayant et important, « Sweetheart » ne dure que 84 minutes et pourtant, il reste dans les têtes bien plus longtemps. Il n’est malheureusement pas encore disponible en France, mais on espère pouvoir le retrouver en Blu-Ray ou sur Netflix très prochainement.

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