Le cinéma horreur anglais est sans conteste à la fête ces derniers temps et nous livre des petites pépites d’horreur comme Eden Lake l’année dernière ou encore The Descent il y a deux ans. Comme pour ces deux films, il s’agit ici d’une bonne surprise devenues trop rares au ciné ces derniers temps. L’originalité ne tient pas au sujet traité : en effet, ce n’est pas la première fois que ces chères petites têtes blondes sont maléfiques ( on en avait déja parlé lors d’un dossier spécial ). Mais il explore une peur universelle : quand on regarde nos enfants, qu’est-ce qui arriverait si ils devenaient des monstres ? Et c’est sur ce traitement spécial que se centre le film : le sort réservé aux enfants du diable.
Côté scénario, c’est une variante du Village des damnés ou encore de la Malédiction. Après un début conventionnel pour un film d’horreur, présentant les personnages et la maison reculée qui servira de cadre à l’action, The Children glisse de manière inexorable mais très subtile dans le film d’horreur, se rapprochant même de Shinning sous certains aspects.
The children se distingue dans le politiquement incorrect en optant pour de jeunes enfants d’apparence adorables, qui symbolisent l’innocence. Lentement, et insidieusement, le réalisateur installe son cadre en présentant les personnages et leurs interactions. Les enfants jouent avec les sentiments de leurs parents (et avec les nerfs du public), en feignant parfaitement la parfaite innocence pour mieux attirer les adultes dans leurs pièges effroyables. On se surprend alors à souhaiter de tout notre cœur une mort sanglante à ces petits démons, en les voyant arborer des visages d’anges face à leurs parents avant de repartir, ricanant, après les avoir blessés.
L’un des points forts du film repose sur le travail effectué sur le son qui met dès le départ le spectateur sous pression. En effet, dès le début du film, on entend les enfants hurler, crier, rire, la maison et la salle de ciné sont remplis de ces voix angéliques. Puis, au fur et mesure que le film se déroule, les effets sonores diminuent pour en arriver à un calme complet. Visuellement, c’est tout aussi remarquable : l’atmosphère enneigée au départ rassurante se dégrade au fur et à mesure du blanc au rouge. En exploitant cela, le réalisateur joue sur la transmission toxique du mal, les préjugés de l’innocence et la vénération de l’état d’enfance par les adultes et s’en prend autant aux enfants qu’aux parents permissifs ; il met aussi en lumière les rivalités dans un groupe apparemment soudé par l’amitié.
Le cinéaste inscrit son film dans la culture très actuelle de l’enfant roi, ébauchant des relations familiales malades de l’incapacité des adultes à tenir leurs progénitures. Les adultes, à des kilomètres des modèles d’autorité et d’éducation, luttent pour le maintien de l’ordre et laissent éclater au grand jour leurs failles face à une situation dont ils n’ont plus du tout la maîtrise. Bloquée entre des parents déboussolés et une troupe d’enfants maléfique, Casey, une ado rebelle, paraît pourtant être la plus saine d’esprit et la plus à même d’enrayer le carnage.