Fut un temps, je pensais que les films sortant directement en DVD et ne bénéficiant pas d’une sortie cinéma avaient une bonne raison d’être mis de côté. Sous-entendu : « ah bah s’il n’a pas eu l’honneur d’une sortie cinéma, c’est qu’il est sûrement pas si bien que ça ». Un peu comme une comédie familiale américaine des années 90 avec un chien par exemple (il peut aussi parler, le chien). Aucun titre en tête, mais les années 90 fourmillent de comédies avec des familles rencontrant un animal / truc étrange qui change leur vie, pour le meilleur des lol. Je le sais, j’ai grandi avec ça.
Je n’ai jamais dit être normal.
Enfin, revenons à nos moutons. Je pensais à injuste titre que les sorties DVD contenaient des films pas tip-top, mais c’était me tromper. Ces dernières années, beaucoup d’excellentes surprises se sont retrouvées être des Direct To Dvd. Je ne vais pas citer de noms, je n’ai plus ma collection DVD sous les yeux, elle est à mon tout vieux appartement de Strasbourg.
Tout ça pour dire que parmi les bonnes surprises que l’on peut trouver dans les Direct To DVD, The Collector en est une. (PAN, WORST INTRO EVER).
Je ne sais pas si j’aurais essayé de voir The Collector aussi rapidement si je ne connaissais pas son pitch salivant : un homme se rend dans une maison inoccupée afin de la cambrioler. Mais une fois dedans, il va se rendre compte qu’un serial killer a déjà investi les lieux, posé de multiples pièges mortels et pris en otage la famille y habitant. Deux options : partir et faire sa chochotte ou tenter d’être un homme qui a au moins 1/100e des couilles de Chuck Norris en essayant de sauver tout ce petit monde tout en jouant à cache-cache.
Original ? On aurait pu avoir peur connaissant le pitch et la personne derrière tout ça : Marcus Dunstan, scénariste des troisFeast, mais surtout des Saw 4 à 7 (and maybe more). Un serial killer, des pièges, le réalisateur écrit pour Saw ? OH MAIS CA SENT PAS LE DEJA VU PAR HASARD ?
Bah non o/ Enfin pas trop.
Déjà, le film est un peu un huis clos à grande échelle : tout le film ou presque se passe dans la maison. Contrairement à un « Ils » où l’on avait l’impression d’un manoir et d’une unité de lieu un peu aléatoire, le film arrive à se tenir à sa petite maison, avec ses 7-8 salles en tout, et une cave. Brrr, la cave … Pendant plus d’une heure, on est baladé dans des pièces que l’on finit par bien connaître, mais qui gardent toujours un certain intérêt, par le biais de nouveaux pièges ou d’évènements spécifiques. Dans The Collector, la tension est constante, les moments de stress légions et l’ambiance glauque au rendez-vous.
Mais qui est le tueur ? Car après tout le film porte son nom. Bizarrement, on en sait pas grand chose : on connait un peu son modus operandi, on sait à quoi il ressemble, mais c’est bien tout. A vrai dire, à aucun moment du film on ne voit totalement son visage, constamment sous un masque, une volonté de le cacher pour montrer que le coeur du film ne réside pas dans un Saw-like, même si tortures et meurtres il y a ? Pourtant … Il ne parle pas, on ne connait pratiquement rien de lui, et malgré tout on le craint. Et s’il y a une chose de fondamentale dans les films avec serial killer, c’est de bien caractériser son tueur et lui donner une vraie présence à l’écran. Tout le monde connaît au moins de nom Jason et Michael Myers, par contre vous vous rappelez vraiment du tueur de Urban Legend par exemple ? Cahier des charges réussi donc pour Marcus Dunstan, chez qui le personnage de The Collector est une vraie menace pendant tout le film. Être dans la même pièce que lui, c’est le stress assuré.
Au vu de la fin ouverte (sur laquelle je vais revenir), il y a des possibilités de suite. Ce qui est un plus tant l’on se pose des questions sur le personnage : pourquoi fait-il tout ça ? Y’a t’il un sens ? Comment choisit-il ses victimes ? Pourquoi voit-on pas mal d’insectes en sa présence ? Pourquoi y’a t’il des bruits d’insecte en sa présence ? … Je parle du tueur, mais sachez que le « héros » n’est pas mis à l’écart pour autant. Loin des midinettes ou jeunes adolescents courageux que l’on retrouve dans ce genre de films, celui-ci est caractérisé avec plus ou moins de succès (je parlerais de l’intro pompeuse plus bas) et sort des clichés du genre. Le principal est que l’on se soucie de son sort, et c’est le cas.
Mais The Collector, c’est aussi ses pièges. Ceux-ci font partie des points positifs du film, le réalisateur ayant eu la bonne idée de s’éloigner du postulat « pièges super tordus de ouf qu’on sait pas trop comment on peut les construire sauf si on est ingénieur avec bac + 100″. Tous les pièges de la maison (une bonne dizaine) sont à la fois simples, ingénieux et vicieux. Je ne vais donner qu’un exemple pour ne pas gâcher le plaisir, mais il y a par exemple un chandelier blindé de couteaux qui attend simplement qu’un petit mécanisme (une porte qui s’ouvre je crois) pour tomber. Plusieurs pièges fonctionnent sur un principe similaire aux machines Rube Goldberg, en plus simple mais avec ce côté poulie que j’aime bien, ou à ce que l’on peut retrouver dans unIncredible Machines.
Alors bien sûr, comme pour Saw, il y a cette petite incohérence du « Mais comment il a trouvé le temps de mettre tout ça ? Personne s’est rendu compte de rien ? », mais on passe outre, on va pas se gâcher le film parce que certains pièges font un peu gros. Au niveau de la mise en scène, pas grand chose à redire non plus. Classique mais néanmoins efficace, celle-ci évite les scènes épileptiques comme on a malheureusement trop l’habitude de subir. Le réalisateur arrive même à placer quelques petits plans fort bien réussis, comme celui apparaissant au début du film, où le tueur et le cambrioleur sont face à face séparés par un mur. Il y a aussi la première fois où l’on voit la « tête » du Collector, filmée tellement floue qu’elle en est toute déformée et effrayante. Au niveau de la photo, là aussi c’est du déjà vu, notamment dans la cave où tout est vert fluo saturé avec des relents de Saw dans les couleurs, mais les nuits sont plutôt jolies.
Enfin, un petit point sur le gore et la violence du film : The Collector n’est pas avare sur les scènes violentes et dures. Accessoirement, le réalisateur doit avoir un problème avec les animaux … Le gore est présent dans le film, c’est clair, mais ce n’est jamais gratuit ou voyeur. Le gore est toujours justifié par le scénario, ce qui rend les quelques scènes (trois, à mon souvenir) encore plus dures à regarder, d’autant plus que l’ambiance lourde régnant sur le film n’aide pas à désamorcer toute cette tension. Pour résumer : c’est bien moins sanglant qu’un Saw, on y voit moins de choses (mais ça reste un petit plan rapide par ci par là quand même, ou un long plan horrible se coupant pile au pire moment), mais c’est plus difficile à supporter, le spectateur souffrant pas mal avec les personnages à l’écran (contrairement à un Saw où des fois on en a pas grand chose à cirer).
Le début du film s’avère assez poussif : pourquoi compliquer tellement les choses avec des histoires de nana qui a des dettes et de sous-mafia pour au final au venir au postulat « Bon, j’ai besoin de sous, je dois cambrioler une baraque » ? Si ce bout d’histoire avait vraiment décollé ou eu une réponse plus tard ou à la fin du film j’aurais pas été contre, mais là il s’avère que le film met 20 bonnes minutes à démarrer en partie à cause de cette histoire facultative.
La toute fin quant à elle semble vraiment facile, genre « Bon, allez, je vais faire une fin au film, on va faire un petit truc ouvert et un peu nonsensique, pas grave, le spectateur aura apprécié 99% ». Oui mais bon
Enfin, si je voulais faire mon chieur, je dirais que le troisième acte est globalement moins bon que le reste, tombant plus volontiers dans les « clichés » de ce genre de films, avec tueur surhumain et invincible ce genre de trucs (je ne pense pas trop spoiler en disant cela).
A part une fin moyenne et un début qui traîne un peu en longueur, The Collector est donc un excellent film bien pensé et stressant à acheter, même s’il n’est pas passé au cinéma