Mini-série en trois épisodes diffusée par la chaîne britannique Sky Living et réalisée par Kristoffer Nylhom (The Killing), The Enfield Haunting s’inspire, nous dit-on, de faits réels (tiens donc, pour changer) advenus en 1977 dans un quartier résidentiel d’une banlieue du nord de Londres. Une vérification sur un moteur de recherche nous apprend qu’effectivement, la famille Hodgson, résidant à l’adresse susmentionnée, aurait été aux prises avec un esprit frappeur particulièrement coriace et qu’un auteur, Guy Lyon Playfair (coscénariste de la série), ici interprété par le comédien Matthew MacFadyen, en a tiré un livre sobrement intitulé « La maison est hantée », lequel aurait également inspiré le réalisateur de la saga The Conjuring.
The Enfield Haunting se présente comme la restitution fidèle mais romancée des événements qui auraient donc bouleversé la vie de Peggy Hodgson, mère célibataire, et de ses quatre enfants, dont la petite Janet, onze ans, prise pour cible de l’esprit malveillant. Les choses commencent comme il se doit en pareilles circonstances : coups dans les murs, objets déplacés, apparitions… Pour une famille très ordinaire, délaissée par un père absent, l’apparition du poltergeist est d’abord une distraction, mais aussi une façon d’attirer sur elle l’attention ; en particulier celle de Maurice Grosse, parapsychologue membre de la SPR (Société de Recherche en phénomènes Psychiques), qui s’installe temporairement dans la maison pour étudier le cas Hodgson. Rapidement, l’esprit frappeur devient plus agressif, portant atteinte à l’intégrité physique de la petite Janet et se manifestant à travers elle. Grosse est alors rejoint par le sceptique Guy Lyon Playfair, envoyé par la SPR pour superviser l’enquête de son confrère…
À l’heure des séries télé horrifiques, The Enfield Haunting vient proposer une alternative séduisante aux Walking dead et autre American Horror Story venues d’outre-Atlantique. Drame intimiste ponctué de quelques gentils frissons, cette histoire de maison hantée est avant tout, pour son réalisateur, l’occasion de brosser le portrait d’une famille de la classe moyenne londonienne qui se retrouve placée de manière inespérée sous les projecteurs. Bien que la série accrédite la thèse du poltergeist (en réalité, l’enquête de Grosse fut remise en question et les enfants accusés de feindre une possession), elle n’élude cependant pas l’ambiguïté de ce personnage tourmenté par le deuil impossible de sa propre fille, également prénommée Janet et décédée l’année précédente dans un accident de moto, ni le besoin d’attention de la fillette qui trouve d’abord dans cette hantise une occasion d’exister aux yeux de ses parents et du spécialiste.
Dotée d’un casting formidable, porté par la jeune Eleanor Worthington-Cox qui ne démérite jamais devant le grand Timothy Spall, The Enfield Haunting parvient à créer une atmosphère étrange, attachante et nostalgique, parsemée d’une pointe d’humour britannique, qui ne déçoit pas les aficionados de fantômes old school.
JB