Oculus fait partie de toute cette nouvelle vague de films travaillant plus à faire flipper ou, du moins, dérouter le spectateur qu’à seulement aligner les séquences gores. Côté histoire, le réalisateur Mike Flanagan reprend la plupart des éléments de son court métrage Oculus : The Man With The Plan. Sur le thème du miroir maudit, cette nouvelle sortie Blumhouse Productions (The Purge, Sinister, Insidious et j’en passe…) se veut donc plus proche du film de maison hantée à la The Conjuring, voire d’investigations surnaturelles à la Poltergeist que des habituels reflets tueurs à la Mirrors.
Une enfance un peu traumatisante
L’action principale du film se déroule sur une nuit où les deux personnages principaux, Kaylie Russell (Karen Gillan) et son jeune frère, Tim (Brenton Thwaites), vont essayer de prouver que la mort de leurs parents lors de leur petite enfance fut l’œuvre d’un miroir maléfique. Tim, accusé à tort du meurtre de son père, sort tout juste d’asile psychiatrique pour découvrir, avec le spectateur, le plan établi par sa sœur pour coincer l’objet maléfique. Par un habile “jeu de miroir”, l’intrigue d’Oculus va également nous raconter, en parallèle de cette nuit d’investigation, le calvaire vécu par la famille une dizaine d’années plus tôt. Un montage virant de plus en plus psychédélique au fil du film, le final voyant présent et passé se répondre d’un plan à un autre.
Le miroir est de base déjà un peu flippant…
Le film se distingue du tout venant du film d’objet hanté par sa description progressive du sort tragique des parents. En reprenant quelques éléments de films type Amityville, Oculus arrive à peindre de manière bien sentie la lente dégradation des relations dans une sphère familiale sous le coup d’une influence maléfique. Doutes, suspicions, frustrations… Le miroir manipule l’esprit de chaque membre et exacerbe les tensions jusqu’au point de non-retour. Sombre et jusqu’au boutiste, le film va donc très loin dans sa description du calvaire vécu par deux enfants sous le coup de parents virant complètement psychotiques.
Ce montage alterné associé à une exposition rapide permet d’éviter les temps morts et plonge le spectateur directement dans l’action. Pour les parties se déroulant dans le présent, le film se montre par contre un peu faiblard côté scènes de terreur. Mike Flanagan, réalisateur remarqué pour un Absentia très efficace malgré un budget riquiqui, se fait quand même un minimum plaisir avec quelques effets remis à la mode par James Wan : étranges silhouettes cachées par des draps, apparitions spectrales terrifiantes et dangereux jeux de faux-semblants. Mais on sent que l’intérêt du réalisateur est ailleurs…
Bon ok, petit coup de flippe
C’est finalement cette idée de réalité toute en chausse-trappe, instillant une angoisse beaucoup plus vicieuse que le simple jump-scare, qui a le plus botté Mike Flanagan, lui donnant l’occasion d’insuffler à son film une ambiance à la 4ème dimension plus qu’appréciable. Le miroir joue constamment avec les sens de ses victimes, leur faisant voir et ressentir des choses n’existant pas, comme une porte sur autre réalité. Dans ces conditions, même manger une pomme peut devenir chose très dangereuse… Histoire d’en rajouter un peu plus, l’obsession de Karen Gillan pour la tragédie familiale, alors que son frère semble s’être fait à l’idée d’être le responsable de cette tragédie, amène une ambiguïté supplémentaire sur la première moitié du film : son traumatisme ne l’aurait-elle pas amené à imaginer toute cette histoire de miroir tueur ? N’est-elle pas devenue complétement cinglée ?
Karen Gillan, pas la dernière question saut dans le temps
Pour ne rien gâcher, en plus d’un casting qui fera plaisir aux fans de Doctor Who et Battlestar Galactica (avec respectivement Karen Gillan – au jeu comme d’habitude un peu inégal – et Katee Sackhoff), la bande son tout en gros ronflements de synthés à la Carpenter contribue un peu plus à instiller une menace omnisciente et en même temps jamais vraiment identifiée. Un mystère aux tenants jamais complétements dévoilés pour un film aussi surprenant que très efficace.
En Dvd et Bluray le 15 avril. Déja disponible en VOD
Critique par Alex B
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