Jessica Biel (Total Recall, L’Agence tout Risque, Blade 3, du lourd…) est Léa, une infirmière s’activant dans la déprimante petite ville de Cold Rock, bourgade américaine sujette à une vague de kidnappings la dépouillant année après année de son entière progéniture. Une nuit, son fils est enlevé sous ses yeux par le Tall Man, personnage qu’elle ne pensait être que mythe. Lancée à sa poursuite, Léa sait qu’elle ne pourrait jamais revoir son bambin, cela à moins que la réalité ne soit toute autre…
Seront forcément déçus ceux qui, sur la foi du synopsis, s’attendaient à une variation sur le thème du boogeyman, avec un proto-Jeepers Creepers embarquant des bébés pour un ride nocturne dans son camion infernal. Le film s’éloigne également de l’horreur ultra-graphique de Martyrs, n’en gardant que de brefs accès de violence. Les ficelles restent par contre les mêmes : un personnage féminin fort, un retournement de situation qui t’explose à la gueule au bout de cinquante minutes, une morale pontifiante et toujours cette figure facile (car seulement en esquisse) du grand complot lourdement dégainé dans les dernières minutes. Ajoute à cela une BO bardée de pianos pesants pour l’ambiance grave et tu tiens les signes d’une inspiration particulièrement limitée chez Pascal Laugier.
Vieille ville minière en déshérence, route forestière éclairée par la pleine lune, troquet hanté par d’anciens mineurs dépensant leur chômage en bière trop matinale… Le réalisateur est appuyé par plus de moyens que sur son précédent film. L’atmosphère déprimante est habilement croquée et on retiendra surtout ce moment de subtile étrangeté quand le film bascule dans la paranoïa, cela dès le retour nocturne au troquet supposé servir de refuge. Mais, si cette première partie est réussie, avec une tension habilement posée et s’excitant vivement une fois entamée la course de Jessica Biel, le film – et l’intérêt du spectateur – s’écroule sous la lourdeur de sa structure en deux temps, le twist annulant avec grande frustration tout ce qui avait été posé jusque-là.
Finalement, moins qu’un thriller, le dernier Laugier est plutôt un film de révélation. Nulle enquête une fois le premier twist éventé, l’histoire semble s’arrêter, l’intrigue fait du surplace, cela jusqu’à un épilogue dévoilant le mystère entourant les fameuses disparitions. Une révélation aussi énorme que peu crédible (ou alors les employés du FBI, de la CIA et de toutes les polices sont vraiment des tocards) et finalement quasi-hermétique à tout ce qui s’est déroulé pendant 1h35. A cela, le réalisateur en rajoute une couche et clôt son film sur un regard caméra censé interroger sur la notion de “mal nécessaire” mais adressant plutôt un discours moralisateur aux contours aussi flous (donc un peu puant) et biaisés que pachydermique. Oui, on s’adresse à toi, petit spectateur, la bouche enflée de popcorn et la main serrant un soda probablement produit par un grand groupe esclavagiste d’enfants du tiers monde. Aussi fin que ça. Sans rire…
Reste la prestation de Jessica Biel, son jeu épousant avec talent les subtiles variations dans l’écriture de son personnage; L’actrice tient le film de bout en bout. Pour le reste, The Secret montre que si Pascal Laugier maîtrise sa réalisation, il devrait peut-être confier l’écriture de ses prochains longs à quelqu’un d’autre.
Critique par Alex B
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