La paléontologue Kate Lloyd part en Antarctique rejoindre une équipe de scientifiques norvégiens qui a localisé un vaisseau extraterrestre emprisonné dans la glace. Elle y découvre un organisme qui semble s’être éteint au moment du crash, de multiples années auparavant. Mais une manipulation élémentaire libère accidentellement la créature de sa prison glacée. Capable de reproduire à la perfection tout organisme vivant, elle s’abat sur les membres de l’expédition, les décimant un à un.
Un frisson d’angoisse et de colère mêlées a parcouru le corps de nombreux cinéphiles lorsque la préparation d’un remake de The Thing fut annoncée il y a quelques mois. Mais dans sa grande sagesse, Hollywood a opté pour la préquelle, bien plus dans l’air du temps. Universal voulait par ce biais ressusciter le mythe de Carpenter tout en y apportant un nouvel éclairage. Car ce film sorti en 1982 devenu culte avait su, grâce à la qualité de sa réalisation, à ses personnages clés, et surtout grâce au talent de Carpenter, faire douter le spectateur sur la réelle identité de chaque personnage et filmer la peur et la méfiance s’emparant de chacun d’eux au fur et à mesure des révélations.
En connaissant l’histoire et la manière dont le film de 1982 débute, on savait qu’il était possible de construire un film sur un scénario qui était déja quasiment écrit. La version de 2011 a donc lieu un peu avant les évènements du film de 82, dans le fameux camp norvégien que Kurt Russel et sa bande découvrent au début du film de Carpenter. En effet, le réalisateur Matthijs van Heijningen Jr. a choisi très justement de baser son récit sur des éléments mythologiques déja présents dans l’histoire du film original, en jouant ainsi avec l’imaginaire du spectateur qui avait eu tout le loisir de se faire une idée de comment La Chose était arrivée sur les lieux et les premiers problèmes que sa libération initiale avait posé.
C’est donc avec une certaine curiosité qu’on découvre les premières minutes de cette préquelle, avec des images parfois sublimes de l’Antarctique. Le réalisateur parvient à nous captiver assez facilement en entrant dans le vif du sujet, donnant le rythme tout au long des 30 premières minutes du métrage où il parsème progressivement quelques éléments familliers ( le chien ). Par la suite, on se retrouve en terrain connu dès lors que le réalisateur montre le bout d’une tentacule. Ayant pris le parti de coller au film original aussi bien dans ses idées que dans ses thématiques, certaines scènes centrales ne sont pas aussi dynamiques et surprenantes que ce qu’on aurait voulu malgré une réelle volonté de bien faire.
Mais rien n’y fait, la transparente créativité du réalisateur se voit trop : sans jamais prendre aucun parti pris, on a l’impression qu’il a juste laissé le film se faire passivement et n’a jamais cherché à y mettre son grain de sel, juste à valider le script et à tenir la caméra. A la réflexion, cela a peut être permis de sauver le film, qui reste peut être simple, vain et convenu mais honnête et furieusement fidèle. Et surtout non dénué de qualités : les plus notables sont les transformations de la Chose qui offrent quelques scènes d’anthologie aux effets numériques souvent réussis ( pas tout le temps ) qui apportent une certaine modernité au mythe, dans un tout autre style que dans le film original.
La paranoïa est ici également bien présente et parvient également à nous faire douter de la culpabilité de chaque personnage. On regrette juste que ceux-ci ne soient pas plus caractérisés et que l’accent ait été uniquement mis sur les deux héros.
En bref, cette préquelle de The Thing est une bonne surprise montrant qu’on peut faire honneur à un film mythique sans le dénaturer ou en oublier la portée. Plein d’abnégation, The Thing version 2011 n’égale pas le film de Carpenter, d’ailleurs il n’en a jamais été question. Mais il ne lui fait pas honte non plus, et c’est déjà ça.
Par Alexa