Pendant l’été 2020 aux États-Unis (et partout dans le monde d’ailleurs), les cinéphiles s’ennuient ferme. À cause de la pandémie, la majorité des cinémas sont fermés. Les américains vont alors trouver une solution bien de chez eux pour tenter de passer un bon été, tout en continuant de mater des films : le Drive-in ! Vous savez, cette tradition d’aller voir un film sur grand écran, chacun dans sa voiture (gestes barrières = ok), dehors sur un parking ou dans un champ. C’est la formule qui a cartonné cet été. Au programme, une majorité d’anciens films, et très peu de nouvelles péloches, les studios étant bien trop frileux pour sortir leurs films seulement sur une dizaine d’écrans. C’est l’occasion rêvée pour les petits films comme The Wretched de se faufiler, pendant qu’il n’y a pas de grosse concurrence. Grâce à ces circonstances inédites, le bouche à oreilles a fait son travail et le film est devenu le phénomène du box-office américain. Diffusé dans seulement 59 “salles”, The Wretched a rapporté 548 000 dollars en tout, un triomphe si on considère son budget de fabrication… D’ailleurs, c’est surtout le public adolescent qui a fait le succès de ce film, formaté avant tout pour eux. Mais le film mérite-t-il toute cette reconnaissance ? Pas sûr…
Avec son intrigue inspirée d’une “légende urbaine” (qui croit encore à cet argument ?), The Wretched parle avant tout de la famille, et c’est surement son aspect le plus intéressant. Le récit et les mésaventure du héros adolescent se présentent comme un rite initiatique qui permet l’évolution d’un jeune homme à travers une expérience hors du commun et qui apprend à mieux gérer sa propre situation personnelle. Ok, on a vu plus original mais ici, c’est plutôt bien rendu. Sans doute grâce au minois sympathique de John-Paul Howard. Niveau qualités, on va donc s’arrêter là. Parce que le reste est à oublier, rapidement.
Perdu au milieu d’une multitude de références, le film peine à trouver sa réelle identité. On balance comme ça : de Steven Spielberg, à Stephen King, Evil Dead pour les meilleures, mais aussi et surtout Paranoïa (le héros est copié/collé) et un bon nombre de pellicules moins réussies qu’on a oublié avec les années. Le thème de la sorcière, au centre du propos, est traité avec flemmardise et un manque d’imagination flagrant. Le film est tellement littéral et pauvre en ambition que l’on décroche au bout de la première demi-heure. Sans jamais chercher une vraie singularité cinématographique (on est loin de The Witch par exemple), les promesses du pitch laissent place à un conte fantastique du pauvre, qui n’a de fantastique que le nom.
On n’échappe pas non plus aux grosses ficelles du film d’horreur commercial : personnages vu et revus, la scène d’ouverture qui tombe comme un soufflé alors qu’elle est censée donner envie de suivre le film, sans parler du final, qui n’a aucun sens. Cette approche dénuée d’intérêt se contente d’enchaîner les effets sans saveurs et les rebondissements risibles. On a du mal à comprendre comment la critique américaine a pu faire les éloges de The Wretched (score à 74% sur Rotten Tomatoes). Surement un effet secondaire du Covid, à force de ne plus voir de films au cinéma, on en devient trop indulgent face à des productions qui n’en valent pas le coup. Bref, passez votre chemin.