Tu pourrais te demander les raisons d’une critique du dernier Universal Soldier chez FilmsHorreur.com. La réponse est simple : ce nouvel opus détonne parmi la production de direct-to-dvd en s’aventurant sur des territoires que n’aurait pas renié un Cronenberg. Celui derrière les Faux Semblant, Scanner et Existenz. Une audace certaine, cela même si, on est d’accord, on reste dans la série B bourrine.
Dans le premier Universal Soldier, réalisé mollement par Roland Emmerich, JCVD et Dolph Lundgren incarnaient des supers soldats zombies à la solde d’une section secrète du gouvernement. Bourrés de bugs, ils finissaient par se mettre sur la gueule pour les beaux yeux d’une journaliste prête à tout révéler au grand public.
Dolph Lundgren attend le livreur de pizzas
Vingt ans plus tard déboule donc direct dans les bacs Universal Soldier – Le Jour Du Jugement, réalisé par John Hyams. Van Damme y reprend son rôle sauf que Luc Deveraux a bien mal tourné. L’acteur en profite pour s’éloigner encore un peu plus de ses rôles habituels en incarnant une espèce de gourou proprement flippant et désireux de lever une armée d’Universal Soldiers affranchis du gouvernement américain. A ses côtés, Dolph Lundgren, qui a coupé sa méche émo d’Expendables, fait un peu de la figuration en pseudo général gueulard.
Dans cet épisode les deux stars sont reléguées au second plan, Scott Adkins (Undisputed 2 et 3) assurant le rôle principal, soit celui d’un homme amnésique et tout juste sorti d’un coma de six mois faisant suite au massacre de son entière famille lors d’une impressionnante séquence en vue subjective. Une ouverture sous l’influence d’Enter The Voïd de Gaspard Noé qui met direct dans l’ambiance : John Hyams ne veut pas réaliser une énième série B lambda et compte bien opérer un lifting radical d’une franchise moribonde. Il embarque donc son film sur des territoires glauques et dépressifs, plongeant son personnage principal dans un univers alternatif en pleine déliquescence et interrogeant bientôt sa propre santé mentale. Un périple qui pourra rappeler Apocalypse Now, la résolution se trouvant également au bout d’un fleuve et auprès d’un Van Damme jouant de mimétisme avec le Marlon Brando du film de Coppola.
Van Damme, encore un peu plus flippant…
Du côté des scènes d’action, l’ultra-violence impressionne et participe à ce sentiment de déconnexion de la réalité qui semble contaminer chaque plan, cela parfois à grand renfort d’effets épileptiques. Le scénario profite un peu plus de l’opportunité d’avoir à sa disponibilité des surhommes aux capacités de régénération hors du commun pour imaginer des scènes de baston ne lésinant ni sur le gore ni sur les effets de style. Le film s’appuie d’ailleurs sur quatre moments forts et véritables moments de bravoure stylistique : une introduction en forme d’home invasion traumatisant, une descente dans un bordel se déroulant comme un shoot’em up ultra-brutal, une scène de baston dans un magasin de sport et une séquence finale montrant Scott Adkins liquider un à un tous les UniSol d’une base secrète.
Cette descente en enfer, quasi-psychédélique, n’est malheureusement pas exempt de défauts. Ainsi, autant Scott Adkins impressionne toujours par ses compétences martiales hors du commun, autant son jeu d’acteur reste encore limité et peine à donner corps aux troubles d’identité agitant son personnage. Le film se repose également un peu trop sur les quatre moments forts cités précédemment, se contentant à côté de suivre un scénario finalement très linéaire et qui traîne parfois en longueur. Certaines scènes nous ramènent parfois à la réalité du film et de son petit budget comme cette séquence de poursuite en voitures, soporifique et complètement ratée. Même le combat final, contre Van Damme, traîne un peu en longueur et paraît mou en comparaison des séquences précédentes.
L’introduction de l’unique personnage féminin : on est bien dans une série B !
Malgré tout, très difficile de bouder son plaisir devant un film transcendant autant les limites de la série B sous stéroïde. Entre les hectolitres de sang recouvrant progressivement Scott Adkins et les scènes présentant des UniSols bodybuildés complétement lobotomisés par un système en roue-libre total, transparait un malaise qui nous avait rarement autant marqué dans une production de ce genre.
Une utilisation peu orthodoxe d’une batte de baseball
Critique par Alex B
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Trailer :