Après avoir réalisé quelques films dans les années 70 et surtout avoir produit “La Dernière Maison sur la Gauche” de Wes Craven en 1974, Sean S. Cunningham profite de l’engouement du public pour le slasher pour se lancer avec son premier film.
« Vendredi 13 » est le premier volet d’une série de 12 films produits jusqu’en 2009. C’est devenu avec le temps un grand classique du cinéma d’horreur qui sort en 1980, soit quelques années après deux pilliers : « Massacre à la tronçonneuse » (1974) et « Halloween » (1978). Le panthéon du slasher en fait. Dans ces films, le tueur est un personnage assez atypique, un “boogeyman”. Il se distingue par son apparence (souvent un masque) et son arme. Mais ici, tout est chamboulé. En effet, pourquoi le tueur ne serait-il pas Monsieur ou Madame tout le monde ?
Ici, le réalisateur Sean S. Cunningham décide de mettre le spectateur dans la confidence dès le début et partage ce que voit le tueur en filmant à la première personne. Un bon moyen de voir les actions selon sa perspective, et d’être “dans sa tête”. Mais c’est en même temps assez frustrant car on ignore son identité, car on ne voit pas son visage. L’utilisation de la vue subjective en fait une entité malfaisante à la présence permanente. Dès que la caméra s’éloigne des personnages, nous nous retrouvons dans la peau du tueur, à les épier sans relâche et à attendre le moment propice pour frapper. A la différence de John Carpenter pour “Halloween” qui mise tout sur l’ambiance et la mise en scène léchée (sauf pour la scène d’ouverture), Cunningham s’inspire du giallo et du cinéma de Mario Bava, et en particulier du film La Baie Sanglante sorti en 1971, jusqu’à même copier certains meurtres.
Lorsqu’on se penche sur son cas, Vendredi 13 premier du nom est vraiment un film à part. Car même si il introduit toute la saga, il n’entretient finalement que peu de similitudes avec les autres films. Là où les autres chapitres n’hésitent pas à montrer le tueur sous toutes les coutures, Sean Cunningham cultive le mystère jusqu’au bout. Du tueur, nous ne verrons qu’une silhouette un peu floue et ses mains, jusqu’à la toute fin. “Vendredi 13” s’inspire des grands films de genre qui l’ont précédé dont “Black Christmas” mais aussi « Psychose ». Comme dans le film d’Alfred Hitchcock, le tueur est toujours omniscient, il observe et il est prêt à passer à l’action à la moindre faille. La comparaison avec Hitchcock s’arrête là puisque “Vendredi 13” souffre grandement d’un manque de rythme (et de moyens ?). Mais qu’importe, puisque le but de Sean S. Cunninghamson était de choquer visuellement. d’ailleurs, les meurtres seont ici assez graphiques, et plutôt nombreux pour l’époque.
Au final, on retiendra de ce premier “Vendredi 13” surtout le premier quart et d’heure et les dernières minutes du film. Car le reste souffre de gros problèmes de rythme, mais le film va crescendo. Jusqu’à la double révélation finale, devenue culte. Et même si le film souffre du poids des années, il garde notre sympathie pour sa naïveté et son inventivité scénaristique.
Elodie A.