Wind Chill est réalisé par Gregory Jacobs en 2007. L’habituel producteur de Steven Soderbergh passe pour la seconde fois à la réalisation. C’est un échange de place puisque Steven soutient son collègue à la production avec l’aide de George Clooney. Wind Chill offre sa première tête d’affiche à Emily Blunt : en effet, la future star de Edge of Tomorrow (2014) ou Mary Poppins Returns (2018) sort de l’ombre de Anne Hathaway (Le Diable s’habille en Prada, 2006) en encore de Susan Sarandon (The Jane Austen Book Club, 2007).
Wind Chill se déroule sur une longue nuit, celle du 23 décembre. Une fille, dont nous ne connaîtrons jamais le nom et le prénom décide suite à un texto d’un ami de prendre un covoiture plutôt que le bus pour rentrer voir sa famille pour les fêtes de fin d’année. Le trajet qui devait durer six heures va s’éterniser suite à un accident en cours de route et une prise à un froid fantomatique. La volonté de prendre un raccourci conduit à une sortie de route qui va bloquer les deux protagonistes à un carrefour surnaturel. Cette route proche de l’autoroute 606 est en effet le lieu de plusieurs événements tragiques : un accident de voiture la nuit du 23 décembre 1953, des prêtres morts de froid l’année suivante ou encore un policier qui venait noyer ses victimes tout prêt. Dans ce véritable triangle des Bermudes enneigé, en proie à des hallucinations et autres apparitions spectrales, Guy et sa passagère vont essayer de survivre jusqu’au levé du jour en attendant d’éventuel secours.
Wind Chill travaille dès le début l’isolement de son personnage principal. Dans l’amphithéâtre où elle échange ses textos, la fille est filmé en gros plans mettant en valeur les yeux bleus d’Emily Blunt sous une lumière glaçante. Ce personnage restera une énigme parmi les autres mystères que pose le film. Il est intéressant de constater qu’en dehors de Guy (Ashton Holmes) qui est son conducteur et son partenaire d’aventure, elle n’entre en contact direct avec personne, elle n’adresse la parole aucun autre personnage dans le même cadre (ses appels téléphoniques ne comptent pas puisque nous n’avons aucun retour de ses interlocuteurs). En effet elle n’adresse la parole à personne en dehors de Guy de l’ouverture du film à la fac, au policier qui lui donne un café dans l’avant-dernier plan, en passant par la scène de la station service. Cette dernière est la plus équivoque en ce sens puisque Guy lui parle bien avec l’employé alors qu’elle, qu’elle parle, qu’elle regarde, qu’elle frappe à la porte bloquée des toilettes, personne ne lui adresse un mot.
On en vient à constater que lorsqu’elle échange avec un policier à la moitié du film, il lui parle de dos. Mise en scène volontaire puisque lorsqu’il tourne le visage pour lui adresser une dernière réponse, elle se réveille en sursaut de ce qui se révèle être un premier cauchemar d’événements antérieurs. Le fait que quelqu’un d’autre que Guy lui parle la surprend autant que nous. Si Guy est quelque peu développé dans ses intentions (il s’est arrangé pour qu’elle fasse le voyage avec lui ne sachant pas comment l’abordé à la fac) et brièvement dans sa situation sociale, la fille reste énigmatique. Le final semble malgré tout répondre à nos questions, nous sommes en droit tout au long du film de nous poser des questions sur le fait qu’elle pourrait être elle même un fantôme tellement il y a si peu de condensation qui sort de sa bouche toute la nuit durant.
Vous l’aurez compris Wind Chill est mystérieux. Une froide virée minimaliste à mi-chemin entre un épisode The Twilight Zone et de Poltergeist the legacy. Une expérience soignée qui bien qu’elle ne révolutionne pas le genre reste un agréable divertissement.
Par Pierrick Lafond