Avant même que le scénario de Black Swan ne soit terminé, Darren Aronofsky savait déjà qui allait jouer Nina, l’ambitieuse danseuse rêvant de devenir étoile de ballet, submergée par des visions étranges et des événements inquiétants alors qu’elle se prépare pour le plus grand rôle de sa vie. Pour le réalisateur, cela ne pouvait être que Natalie Portman, qui a interprété de nombreux rôles mémorables allant de la reine Amidala dans la saga Star Wars à celui d’une strip-teaseuse dans Closer, entre adultes consentants, qui lui a valu un Golden Globe et une nomination à l’Oscar. En plus d’avoir étudié le ballet étant enfant, Natalie Portman était enthousiaste à l’idée de se plonger dans un rôle très difficile sur le plan physique et psychologique.
Darren Aronofsky a rencontré l’actrice il y a plusieurs années pour lui parler du film. Il raconte : « Alors que Black Swan était encore au tout début de sa phase de développement, j’ai rencontré Natalie autour d’un café à Times Square pour en parler avec elle. Elle a fait beaucoup de danse classique avant de devenir actrice et a ensuite continué pour rester en forme. Très vite, elle m’a dit qu’elle avait toujours rêvé de jouer une danseuse. »
Même s’il s’est écoulé presque dix ans entre leur rencontre et la version finale du scénario de Black Swan, l’actrice a été fascinée par le parcours psychologique tortueux de Nina. Pour Nina, rien d’autre ne compte que la danse. Elle vit chez sa mère, qui est elle-même une ancienne danseuse, et n’a jamais vraiment eu de vie d’adulte bien à elle. Quand elle obtient le rôle de la Reine des cygnes, quelque chose de nouveau se réveille en elle, un besoin de mieux se connaître, de sombres sentiments qui font vaciller l’équilibre fragile de son esprit. Nina, comme la Reine des cygnes qu’elle veut incarner, se retrouve soudain confrontée à la magie, au désir et au danger.
Ce rôle a poussé Natalie Portman à explorer de nouveaux territoires, dont certains bien sombres. L’actrice explique : « Nina a consacré toute sa vie à la danse, elle ne pense qu’à ça. Elle n’a pas encore trouvé sa propre identité en tant que danseuse et en tant que femme, mais elle change progressivement en essayant de trouver et d’exprimer sa sensualité et sa soif de liberté. Mais c’est une transformation qui la détruit peu à peu, et c’était ce qu’il y avait de plus difficile avec ce rôle. »
Elle continue : « Nina recherche la perfection, mais la perfection ne peut exister que durant un bref instant, et comme tous les artistes elle risque de se détruire elle-même en tentant de l’atteindre. Quand elle essaye de devenir le Cygne noir, une chose sinistre et inquiétante se réveille en elle. Elle va alors traverser une crise d’identité durant laquelle, en plus de ne plus savoir qui elle est, elle ne mesure plus vraiment la différence entre elle-même et les autres. Elle commence à se voir un peu partout.
Prise au piège de ce monde effrayant de doubles, d’apparences trompeuses, de rencontres mystérieuses et de plaies inexpliquées, Nina commence à perdre la raison. Natalie Portman note : « Quand Nina commence à se rebeller contre tout ce qui régit sa vie, elle sombre peu à peu dans une dangereuse paranoïa qui la fait douter de ce que les autres attendent d’elle et de sa propre santé mentale. » Malgré la noirceur de son rôle, Natalie Portman était heureuse de pouvoir s’immerger dans le monde du ballet qui l’a tant fait rêver quand elle était enfant. Elle raconte : « Quand j’ai lu le scénario, j’ai beaucoup aimé l’authenticité des détails sur le monde de la danse, et surtout le parallèle entre l’histoire de Nina et celle du « Lac des cygnes ». Je la vois vraiment comme une femme qui essaye de se libérer d’un sortilège, de l’emprise des autres sur sa vie, et qui s’efforce de découvrir qui elle est vraiment en tant qu’être humain et qu’artiste. »
Lorsqu’elle commence à perdre le fil de la réalité, Nina ne peut laisser personne savoir ce qu’elle traverse de peur de se faire ravir le rôle de la Reine des cygnes par sa plus dangereuse rivale, la sensuelle et impudente Lily. Celle-ci devient la doublure de Nina, au sens propre comme au figuré.
Natalie Portman a aussi été séduite par le mélange malsain de fascination, de jalousie et de répulsion que provoque Lily chez Nina. L’actrice raconte : « J’aime beaucoup leur première rencontre parce qu’elles se regardent et se jaugent comme le font vraiment les filles. C’est un réflexe de survie : Nina regarde qui est sa plus dangereuse adversaire, et voit tout de suite que Lily est belle et talentueuse, et constitue une vraie menace pour elle. Mais elle ne sait pas encore qui est vraiment Lily. »
Pour jouer Nina, Natalie Portman s’est imposé une préparation physique et psychologique rigoureuse. Son entraînement physique a dépassé tout ce qu’elle avait imaginé. Durant les dix mois qui ont précédé le tournage, elle s’est entraînée tous les jours pendant cinq heures sous la tutelle de plusieurs professeurs et répétitrices
professionnelles, dont Mary Helen Bowers, une ancienne ballerine du New York City Ballet qui, grâce à une formation extrêmement exigeante, a fait d’elle une véritable danseuse classique en un temps record.
Natalie Portman raconte : « Je me suis beaucoup entraînée à la danse, mais j’ai aussi fait de la natation, de la musculation et du cross training pour ne pas me blesser, parce que la danse est très traumatisante pour le corps. C’est vraiment très difficile d’apprendre le ballet à 28 ans. Même si vous avez pris des cours de danse auparavant, vous n’imaginez pas le degré de perfection que cela requiert. Chaque geste doit être fait d’une façon très précise et avec beaucoup de légèreté et de grâce. Je savais que ce serait un défi, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi dur sur le plan physique. »
En plus d’avoir pratiqué la danse dans sa jeunesse, Natalie Portman a étudié la psychologie à Harvard, ce qui lui a permis de mieux comprendre la désintégration mentale de Nina et d’aller plus loin dans son effrayant voyage intérieur. Elle explique : « Nina est prise dans un cycle d’obsessions et de compulsions. Le côté positif pour les artistes et les danseurs, c’est que se concentrer autant sur son art peut faire de vous un virtuose, mais il y a aussi un côté plus sombre, une dérive malsaine qui peut vous faire perdre le contact avec la réalité. C’est là que je devais entraîner Nina. »
Natalie Portman a exploré ce côté obscur dans chacune des relations de Nina : avec Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la compagnie de ballet qui la pousse à explorer les recoins les plus inconnus et les plus sombres d’elle-même ; avec sa mère (Barbara Hershey), une ancienne danseuse qui la protège trop, de trop près ; et avec Beth (Winona Ryder), une ex-danseuse étoile déchue que Nina a autrefois idolâtrée et dont la chute la déstabilise.
Black Swan – à voir en salle dès le 9 février.