Le film selon Guillermo del Toro
«LES YEUX DE JULIA est plus qu’une simple réunion de famille pour les personnes responsables de L’ORPHELINAT. Bien plus. Ce lm s’apparente pour moi à un véritable miracle. Son intrigue principale est à la fois profondément classique et étonnamment novatrice. Un mélange pervers et ingénieux de concept borgesien, de thriller hitchcockien et de «giallo» italien. Il regorge d’émotions, de sensibilité et dénote un style impeccable. Il appartient à part entière à son réalisateur, ses scénaristes et son interprète principale mais nous le protégeons tous amoureusement. Pour paraphraser Shakespeare de manière délirante, «Voir ou ne pas voir, là est la question». Julia traverse une période di cile qui la force à confronter ses limites et ses désirs. Elle comprend, de façon explicite et très belle, que l’objet de sa quête n’est pas la vue, mais une manière de voir. Être physiquement capable de voir ne constitue pas un miracle en soi.
Le miracle, c’est de savoir regarder. Guillem, en tant que réalisateur, comprend instinctivement l’impasse dans laquelle se trouve son héroïne. C’est la deuxième fois que je cautionne un lm et je suis très er d’apporter ma contribution à ce très beau conte. L’élaboration méticuleuse du scénario et les ressorts narratifs inattendus en font une occasion rêvée pour moi de travailler à nouveau avec Rodar y Rodar et de présenter mon deuxième long-métrage, après L’ORPHELINAT. Ma collaboration avec Rodar y Rodar a toujours produit d’excellents résultats et, ensemble, nous avons cherché le meilleur moyen de rendre justice à la force d’une actrice telle que Belén Rueda et d’un réalisateur aussi inventif et éloquent que Guillem Morales. Avec ce deuxième long-métrage, il révèle son véritable potentiel et toute l’étendue de son talent.»
Un voyage dans les ténèbres
LES YEUX DE JULIA est un voyage physique et a ectif du côté obscur d’une femme en proie à ses peurs les plus secrètes. L’isolement progressif de l’héroïne, victime d’une maladie qui la plonge dans le noir, est à la fois un cauchemar terrifant et un voyage vers l’acceptation de soi et la maîtrise de ses propres limites.
Mais c’est aussi une très belle histoire d’amour. Évoluant dans un univers de sensations, LES YEUX DE JULIA joue avec la frontière ténue qui sépare le visible de l’invisible, le réel de l’irréel, la réalité de l’imaginaire. Il met son héroïne dans une situation extrême, la forçant à reconstruire un puzzle dont elle ne détient qu’un nombre très limité de pièces. En les assemblant petit à petit, elle va réaliser que quelque chose de terrible est en train de se produire autour d’elle, quelque chose que personne d’autre ne semble percevoir et qu’elle va devoir a ronter seule. Les scénaristes, Guillem Morales et Oriol Paulo, se sont servi des conventions du thriller d’épouvante pour raconter l’histoire d’une femme qui n’arrive pas à accepter le fait de perdre la vue.
L’intrigue est complexe et chaque pièce du puzzle recèle une in me partie de l’énigme. Le scénario suscite la participation du spectateur en ne lui présentant que le point de vue de l’héroïne. Ses yeux sont ceux du public qui ne voit que ce que voit Julia, ne ressent que ce qu’elle ressent. Le parti pris formel et émotionnel est poussé à l’extrême et a pour but d’entraîner le spectateur avec l’héroïne, au coeur des ténèbres où se dissimule quelque chose d’horrible, qui est également la clé de l’énigme. Le réalisateur se souvient avec précision comment l’idée du lm lui est venue: “J’avais cette vision d’une femme avec un bandage sur les yeux. Elle venait de subir une opération et devait garder ce pansement pendant deux semaines si elle souhaitait recouvrer la vue. Si elle le retirait par accident, l’opération serait un échec.
J’ai eu le sentiment que malgré ce bandeau, elle allait commencer à voir les choses avec plus de clarté qu’auparavant. Ce n’était alors qu’une idée, mais je savais qu’elle recélait une histoire intéressante à raconter.”
La Production
LES YEUX DE JULIA s’est d’abord intitulé “Julia’s Eyes” et devait être tourné en anglais. Le producteur Joaquín Padró explique : “Guillem et moi nous étions donné pour dé de développer son deuxième film en anglais, dans un souci d’évolution personnelle et professionnelle. Avec les contacts que nous avions développés en Angleterre grâce au remake de son premier lm EL HABITANTE INCIERTO, il semblait naturel et logique que, pour son deuxième projet, nous commencions à chercher des nancements là-bas. Mais que le lm soit en anglais ou en espagnol, ce qui comptait avant tout pour nous, c’était d’avoir assez d’argent pour le mener à bien.” La rencontre entre les producteurs, le réalisateur et Guillermo del Toro à Londres a donné au projet un nouvel élan. Guillermo s’est impliqué de plus en plus et Universal Pictures y a vu une excellente opportunité de mettre en oeuvre sa première production espagnole. La chaîne Antena 3 a également apporté son soutien au projet.
Belén Rueda a lu le scénario et son enthousiasme a été le facteur déterminant pour que la production se fasse localement. Luis San Narciso et son équipe ont travaillé trois mois durant pour réunir le reste du casting. Le projet était lancé. L’équipe s’est mise en place : Oscar Faura, qui avait déjà travaillé sur L’ORPHELINAT (Juan Antonio Bayona, 2007) et SPANISH MOVIE (Javier Ruiz Caldera, 2009), et qui a été à l’école avec Guillem, était une valeur sûre et une garantie d’élégance pour l’élaboration de la photographie. La direction artistique a été con ée au vétéran du cinéma espagnol, Balter Gallart, célèbre, entre autres, pour son travail sur ABANDONNÉE (Nacho Cerda, 2006) et LOS GIRASOLES CIEGOS (José Luis Cuerda, 2008). L’équipe réunit également le monteur Joan Manel Vilasec, un dèle collaborateur de Morales, Oriol Tarragó au son et Fernando Velázquez à la musique, avec Reyes Matabuena o± ciant comme producteur exécutif. Avec un budget de 5 millions d’Euros et après une pré-production exhaustive, le tournage a duré 10 semaines, dont 7 sur deux plateaux simultanés, aux studios de Terrassa
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