Le virus mortel qui s’attaque aux habitants de la petite ville porte un nom
inoffensif : Trixie. La maladie se manifeste par une série de symptômes psychiques
et physiques qui entraînent des effets dévastateurs chez ses victimes. Pour
Breck Eisner, il était impératif que les symptômes de la maladie soient fondés sur
une réalité médicale.
«Ce qui était intéressant dans le projet, c’est qu’il ne s’agit pas d’un film de
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zombie, déclare-t-il, Romero a réalisé plusieurs films de zombie, mais La Nuit des
Fous vivants n’en fait pas partie.»
Loin d’être des morts-vivants cannibales, les personnes «contaminées» sont des
malades qui font des réactions plus ou moins terrifiantes. C’est ce postulat de
départ qui a inspiré visuellement les différentes phases dans la progression de
la maladie. Robert Hall, de la société spécialisée en effets maquillage Almost
Human, a été chargé d’imaginer les symptômes de Trixie chez ses victimes. On
lui a également demandé de réunir des données médicales afin de donner à ses
idées un fondement scientifique. «Nous avons fait pas mal de recherches sur
de véritables maladies, souligne Hall, on expliquait à Breck à quoi était censé
ressembler le visage des malades. Il voulait alors systématiquement savoir de
quelle maladie il s’agissait, et si on pouvait l’utiliser pour caractériser Trixie. Tant
qu’on s’inspirait de données médicales, nous avions carte blanche.»
La création des «Crazies» a pris un temps considérable. «On a commencé par
envisager plusieurs maladies, signale Rob Cowan, lorsqu’on s’est mis d’accord
sur l’essentiel, Rob et son équipe s’en sont donnés à coeur-joie. Il fallait vraiment
le voir pour le croire ! Certains jours, on avait même du mal à déjeuner.»
Pour Hall, le plus important était d’être original, sans oublier d’être réaliste.
«Dans le scénario, les symptômes de la maladie et ses effets sur le corps humain
évoquent la rage, déclare-t-il, on est partis de là, sans pour autant respecter cette
description à la lettre. Et puis, on a ensuite tenu compte de ce que Breck aimait
bien, et de ce qu’il n’aimait pas.»
«Les scénaristes ont aussi fait quelques allusions intéressantes au tétanos,
poursuit-il, quand on a le tétanos, on a tendance à se tordre en deux, et à avoir
une raideur extrême du cou et des muscles. On s’est dit que ce serait intéressant
que les Crazies aient la nuque raide et que leurs tendons leur remontent jusqu’au
visage et forment des ampoules pleines de sang. Au final, on s’est inspirés de
plusieurs maladies réelles, comme le syndrome de Stevens-Johnson : il s’agit
d’une maladie rare qui provoque des rougeurs violacées et qui détruit la couche
supérieure de l’épiderme.» Comme l’explique Hall, Trixie rend les Crazies
«hyperactifs.» «C’est comme si la vie passait à travers leurs veines et créait ainsi
des abcès, dit-il, il faut que leur corps se purge de cette infection, et qu’elle s’en
échappe soit par leurs yeux, soit par leurs oreilles.»
Les recherches menées par Hall, tout comme son imagination, ont produit
des résultats spectaculaires. «Les comédiens ont vraiment l’air malade, ce
qui témoigne de l’immense talent de Rob et de son équipe,» relève Danielle
Panabaker. «Quand on les voyait sortir de la séance maquillage, totalement
métamorphosés, c’était très impressionnant.» Hall et son équipe ont employé des
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techniques extrêmement sophistiquées pour créer les prothèses des comédiens.
«Le virus se propage très rapidement et devient mortel en 48 à 72 heures,
dit-il , l’état des malades se détériore très vite. Il était important que les appareils
qui nous ont servis soient très mobiles, parce qu’il fallait qu’on puisse les utiliser
ensemble ou séparément.»
«Pour les prothèses, nous avons réalisé des moulages sur mesure, poursuit-il, cela
nous a permis de mettre au point des prothèses en silicone adaptées à chaque
comédien, en exagérant les muscles pectoraux. On installait ces prothèses sur
les comédiens ‘contaminés’ tous les jours, en prenant soin de bien camoufler les
bords par souci de réalisme.»
Etant donné que la maladie évolue constamment, le réalisateur demandait parfois
à Hall de retoucher, à l’improviste, le maquillage de tel ou tel comédien. «Breck me
disait parfois, ‘La maladie a encore progressé : est-ce qu’on pourrait rajouter une
veine à cet endroit-là ?’ Nous avons ainsi ajouté des centaines de petits éléments
fabriqués à partir de la colle qui nous servait pour fixer les prothèses. On le faisait
en l’espace de cinq minutes, ce qui nous a permis d’être très réactifs.»
La technique dite du «transfert» fait partie des dernières innovations utilisées par
Hall. «Il y a quelques années, on ne jurait que par le silicone, mais le transfert est
un énorme progrès, dit-il, cela a été mis au point pour La Passion du Christ
et prend beaucoup moins de temps qu’avant. Par exemple, je peux faire subir
à un bras les effets d’un accident de la route en deux minutes. Auparavant,
il fallait fignoler ce type de travail. Désormais, on n’a plus besoin de fignoler
quoi que ce soit si on est suffisamment attentifs au moment du transfert.»
Malgré l’importance accordée au réalisme, le maquillage le plus sophistiqué ne
sert à rien si le comédien joue mal. «Si j’arrive à aider les acteurs à incarner
leur personnage, j’estime que j’ai réussi mon pari, reprend Hall, parfois, il faut
simplement s’assurer que le comédien peut tourner correctement la tête. C’est à
moi de m’en assurer. Si la prothèse est trop rigide, et empêche le comédien de
bouger, cela peut gâcher l’effet recherché.»
DE PERRY A LENOX
La Nuit des Fous vivants de George Romero se déroulait dans une petite ville
de Pennsylvanie qui incarnait le symbole d’une Amérique des années 60 sûre
d’elle. Pour The Crazies, la production souhaitait préserver ce sentiment d’un
pays où il fait bon vivre tout en préparant le spectateur à un coup de théâtre
spectaculaire. «On a fait énormément de repérages pour ce film, assure Eisner,
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on a sillonné le Canada, le Texas, l’Iowa, le Kansas, la Californie et l’Illinois. En
réalité, on a envisagé toutes les régions dont les paysages correspondaient à nos
attentes et qui offraient des dispositifs fiscaux avantageux.»
Rob Cowan a parcouru cinq Etats pour trouver le décor idéal qui puisse incarner
Ogden Marsh. «On a même envoyé nos collaborateurs en repérages dans deux
ou trois autres Etats, remarque-t-il, il nous fallait un paysage rural qui s’étende à
l’infini, ce qui nous a donné beaucoup de fil à retordre. On en a vus énormément
avant de nous décider.» Au final, la production a choisi de tourner le film entre
Perry, en Géorgie, et Lenox, dans l’Iowa.
Lenox réunissait deux critères essentiels : l’atmosphère d’une petite ville et les
champs alentour. «Le film se passe dans l’Amérique profonde, et on souhaitait
donc tourner dans l’Amérique profonde.» note le producteur associé Brian
Frankish.
Petite ville de 10 000 habitants, Perry se situe au centre de la Géorgie, au
carrefour de quatre autoroutes très fréquentées, si bien que la commune a hérité
du surnom de «Carrefour de la Géorgie».
L’équipe a ensuite pris ses quartiers à Lenox qui compte environ 1200 habitants.
«Lenox avait juste la taille que nous recherchions, signale Cowan, pour nous,
c’était très important. On aurait pu tourner le film n’importe où, mais Breck
estimait qu’on devait situer le film dans ce type de décors pour être crédibles.»
«Lenox se situe à environ 1500 km de la civilisation, rapporte Frankish, nous
étions au coeur de l’Amérique profonde. Nous avons emmené une équipe de 170
personnes dans une ville qui a une capacité hôtelière de 70 chambres. C’était
très difficile, mais si on veut filmer des décors inédits, il faut aller là où personne
n’a jamais posé sa caméra.Le virus mortel qui s’attaque aux habitants de la petite ville porte un nom
Le virus mortel qui s’attaque aux habitants de la petite ville porte un nom inoffensif : Trixie. La maladie se manifeste par une série de symptômes psychiques et physiques qui entraînent des effets dévastateurs chez ses victimes. Pour Breck Eisner, il était impératif que les symptômes de la maladie soient fondés sur une réalité médicale. «Ce qui était intéressant dans le projet, c’est qu’il ne s’agit pas d’un film de zombie, déclare-t-il, Romero a réalisé plusieurs films de zombie, mais La Nuit des Fous vivants n’en fait pas partie.» Loin d’être des morts-vivants cannibales, les personnes «contaminées» sont des malades qui font des réactions plus ou moins terrifiantes. C’est ce postulat de départ qui a inspiré visuellement les différentes phases dans la progression de la maladie. Robert Hall, de la société spécialisée en effets maquillage Almost Human, a été chargé d’imaginer les symptômes de Trixie chez ses victimes. On lui a également demandé de réunir des données médicales afin de donner à ses idées un fondement scientifique. «Nous avons fait pas mal de recherches sur de véritables maladies, souligne Hall, on expliquait à Breck à quoi était censé ressembler le visage des malades. Il voulait alors systématiquement savoir de quelle maladie il s’agissait, et si on pouvait l’utiliser pour caractériser Trixie. Tant qu’on s’inspirait de données médicales, nous avions carte blanche.» La création des «Crazies» a pris un temps considérable. «On a commencé par envisager plusieurs maladies, signale Rob Cowan, lorsqu’on s’est mis d’accord sur l’essentiel, Rob et son équipe s’en sont donnés à coeur-joie. Il fallait vraiment le voir pour le croire ! Certains jours, on avait même du mal à déjeuner.»
Pour Hall, le plus important était d’être original, sans oublier d’être réaliste. «Dans le scénario, les symptômes de la maladie et ses effets sur le corps humain évoquent la rage, déclare-t-il, on est partis de là, sans pour autant respecter cette description à la lettre. Et puis, on a ensuite tenu compte de ce que Breck aimait bien, et de ce qu’il n’aimait pas.» «Les scénaristes ont aussi fait quelques allusions intéressantes au tétanos, poursuit-il, quand on a le tétanos, on a tendance à se tordre en deux, et à avoir une raideur extrême du cou et des muscles. On s’est dit que ce serait intéressant que les Crazies aient la nuque raide et que leurs tendons leur remontent jusqu’au visage et forment des ampoules pleines de sang. Au final, on s’est inspirés de plusieurs maladies réelles, comme le syndrome de Stevens-Johnson : il s’agit d’une maladie rare qui provoque des rougeurs violacées et qui détruit la couche supérieure de l’épiderme.» Comme l’explique Hall, Trixie rend les Crazies «hyperactifs.» «C’est comme si la vie passait à travers leurs veines et créait ainsi des abcès, dit-il, il faut que leur corps se purge de cette infection, et qu’elle s’en échappe soit par leurs yeux, soit par leurs oreilles.»
Les recherches menées par Hall, tout comme son imagination, ont produit des résultats spectaculaires. «Les comédiens ont vraiment l’air malade, ce qui témoigne de l’immense talent de Rob et de son équipe,» relève Danielle Panabaker. «Quand on les voyait sortir de la séance maquillage, totalement métamorphosés, c’était très impressionnant.» Hall et son équipe ont employé des techniques extrêmement sophistiquées pour créer les prothèses des comédiens. «Le virus se propage très rapidement et devient mortel en 48 à 72 heures, dit-il , l’état des malades se détériore très vite. Il était important que les appareils qui nous ont servis soient très mobiles, parce qu’il fallait qu’on puisse les utiliser ensemble ou séparément.» «Pour les prothèses, nous avons réalisé des moulages sur mesure, poursuit-il, cela nous a permis de mettre au point des prothèses en silicone adaptées à chaque comédien, en exagérant les muscles pectoraux. On installait ces prothèses sur les comédiens ‘contaminés’ tous les jours, en prenant soin de bien camoufler les bords par souci de réalisme.» Etant donné que la maladie évolue constamment, le réalisateur demandait parfois à Hall de retoucher, à l’improviste, le maquillage de tel ou tel comédien. «Breck me disait parfois, ‘La maladie a encore progressé : est-ce qu’on pourrait rajouter une veine à cet endroit-là ?’ Nous avons ainsi ajouté des centaines de petits éléments fabriqués à partir de la colle qui nous servait pour fixer les prothèses. On le faisait en l’espace de cinq minutes, ce qui nous a permis d’être très réactifs.»
La technique dite du «transfert» fait partie des dernières innovations utilisées par Hall. «Il y a quelques années, on ne jurait que par le silicone, mais le transfert est un énorme progrès, dit-il, cela a été mis au point pour La Passion du Christ et prend beaucoup moins de temps qu’avant. Par exemple, je peux faire subir à un bras les effets d’un accident de la route en deux minutes. Auparavant, il fallait fignoler ce type de travail. Désormais, on n’a plus besoin de fignoler quoi que ce soit si on est suffisamment attentifs au moment du transfert.» Malgré l’importance accordée au réalisme, le maquillage le plus sophistiqué ne sert à rien si le comédien joue mal. «Si j’arrive à aider les acteurs à incarner leur personnage, j’estime que j’ai réussi mon pari, reprend Hall, parfois, il faut simplement s’assurer que le comédien peut tourner correctement la tête. C’est à moi de m’en assurer. Si la prothèse est trop rigide, et empêche le comédien de bouger, cela peut gâcher l’effet recherché.»
La Nuit des Fous vivants de George Romero se déroulait dans une petite ville de Pennsylvanie qui incarnait le symbole d’une Amérique des années 60 sûre d’elle. Pour The Crazies, la production souhaitait préserver ce sentiment d’un pays où il fait bon vivre tout en préparant le spectateur à un coup de théâtre spectaculaire. «On a fait énormément de repérages pour ce film, assure Eisner,on a sillonné le Canada, le Texas, l’Iowa, le Kansas, la Californie et l’Illinois. En réalité, on a envisagé toutes les régions dont les paysages correspondaient à nos attentes et qui offraient des dispositifs fiscaux avantageux.» Rob Cowan a parcouru cinq Etats pour trouver le décor idéal qui puisse incarner Ogden Marsh. «On a même envoyé nos collaborateurs en repérages dans deux ou trois autres Etats, remarque-t-il, il nous fallait un paysage rural qui s’étende à l’infini, ce qui nous a donné beaucoup de fil à retordre. On en a vus énormémen avant de nous décider.» Au final, la production a choisi de tourner le film entre Perry, en Géorgie, et Lenox, dans l’Iowa. Lenox réunissait deux critères essentiels : l’atmosphère d’une petite ville et les champs alentour. «Le film se passe dans l’Amérique profonde, et on souhaitait donc tourner dans l’Amérique profonde.» note le producteur associé Brian Frankish. Petite ville de 10 000 habitants, Perry se situe au centre de la Géorgie, au carrefour de quatre autoroutes très fréquentées, si bien que la commune a hérité du surnom de «Carrefour de la Géorgie». L’équipe a ensuite pris ses quartiers à Lenox qui compte environ 1200 habitants. «Lenox avait juste la taille que nous recherchions, signale Cowan, pour nous, c’était très important. On aurait pu tourner le film n’importe où, mais Breck estimait qu’on devait situer le film dans ce type de décors pour être crédibles.» «Lenox se situe à environ 1500 km de la civilisation, rapporte Frankish, nous étions au coeur de l’Amérique profonde. Nous avons emmené une équipe de 170 personnes dans une ville qui a une capacité hôtelière de 70 chambres. C’était très difficile, mais si on veut filmer des décors inédits, il faut aller là où personne n’a jamais posé sa caméra.»