10. Chambre 1408 par Mikael Håfström (2007)
Certes, le réalisateur d’origine suédoise Mikael Håfström (Dérapage) n’est pas du niveau d’un Brian De Palma, John Carpenter ou Stanley Kubrick, mais cette Chambre 1408 a néanmoins le mérite de se situer très précisément dans le sillage de Shining et non d’une nième adaptation de piètre qualité exploitant à satiété la renommée internationale de l’auteur.
La chambre est-elle vraiment hantée ? S’agit-il d’un cauchemar ? Le personnage est-il en train de se perdre lui-même dans les méandres labyrintho-schizophréniques de son cerveau, embrumé par ses délires d’auteur de romans et par les démons de son propre passé ? Autant de pistes possibles, parmi d’autres, pour expliquer les divagations dont est victime un John Cusack au moins aussi habité par son rôle qu’un Jack Nicholson dans Shining (on pensera également à la performance de Cusack dans le très rusé Identity). Le scénario, plutôt habile, sèmera le doute dans l’esprit du spectateur jusqu’à la toute dernière scène tandis que la mise en scène très efficace de Håfström saura le scotcher ou le faire sursauter sur son fauteuil selon les circonstances.
9. The Mist par Frank Darabont (2008)
Comme Les Evadés et La Ligne verte, The Mist est tiré d’un texte (Brume, issu du recueil du même nom) trop long pour être une nouvelle, trop court pour être un roman. Un format bâtard, mais qui se prête parfaitement à l’adaptation, permettant un approfondissement des personnages et une pleine exploitation de la trame principale.
Nihiliste au possible (bien plus que la nouvelle), The Mist ne laisse guère d’espoir en l’Humanité, et la description qui est faite de la lente dégénérescence des rapports humains laisse un arrière goût amer. Ce qui contraste fortement avec l’humanisme des deux précédentes adaptations de King par Darabont. Autre surprise, la mise en scène du réalisateur, proche de l’académisme dans ses métrages précédents, se fait soudainement nerveuse, privilégiant la caméra à l’épaule et les travellings violents. La terreur des personnages, l’horreur de la situation, Darabont les retranscrit jusque dans ses mouvements de caméra qui donnent au film un aspect documentaire, pris sur le vif, là aussi très proche de La Nuit des morts-vivants de Romero.
8. Cujo par Lewis Teague (1983)
Qui est ce Lewis Teague qui nous a flanqué cet intéressant Cujo en 1983, Le Diamant du Nil en 1985, et… quelques autres trucs par-ci par-là ? À vrai dire, on n’en sait rien, ou pas grand-chose, et c’est sans importance : Cujo est un bon petit film.
Cujo donc, un gentil Saint-Bernard, se fait mordre par une chauve-souris qui lui refile la rage. Plus tard, nous suivons la vie de la famille Trenton, notamment de Donna en pleine crise (de la quarantaine ?) qui trompe son mari avec son meilleur ami. Lorsqu’il l’apprend, Vic met les bouts et laisse sa femme toute seule avec Tad, leur gosse. Donna, qui a de sérieux problèmes avec sa voiture, se rend avec Tad au garage des Camber. Mais ceux-ci sont partis. Cujo, lui, est dans les parages. Donna et son fils vont se retrouver cloitrés dans la bagnole au milieu d’une cour de ferme.
Loin d’être un film marquant, on passe un bon moment devant ce Cujo. L’univers du roman n’est pas aussi bien reproduit, mais le tout est assez soigné, notamment la deuxième partie du film. La tension monte et on se demande vraiment comment les protagonistes vont s’en tirer. Fréquents chez Stephen King, les culs-terreux sont représentés de manière assez fidèle et drôle. Quant à la musique (correcte) elle rappelle beaucoup l’aria du Simetierre de Mary Lambert qui sortira six ans plus tard
7. Dead Zone par David Cronenberg (1983)
Sorti la même année que Cujo & Christine, Dead Zone a un charme indéniable. Ce film du grand Cronenberg verse plus dans l’horreur psychologique que dans celle, plus… dirons-nous… plus dégoulinante, à laquelle il nous avait accoutumés.
Johnny Smith (interprété par un touchant Christopher Walken) subit un grave accident de la route qui le plonge dans un profond coma. Se réveillant cinq ans plus tard, Johnny réalise qu’il possède désormais un don embarrassant : tout connaître d’une personne, ses secrets, juste en posant la main sur elle. Plus que ça : il peut deviner ce que fera la personne dans l’avenir. C’est ainsi qu’il découvre qu’un politicien véreux du nom de Greg Stillson va finir président des États-Unis et déclencher une guerre atomique.
Cette réalisation sans apparente prétention est en réalité un très bon film. Qui soulève un tas de questions essentielles : Que ferions-nous à la place de Johnny Smith ? Doit-on, a-t-on le droit ?! de modifier l’avenir, même le plus sombre ? En quoi nos actes sont-ils éthiques ? Un beau film.
6. La ligne Verte par Frank Darabont (2000)
Roman-feuilleton écrit par Stephen King, La Ligne Verte (The Green Mile en VO) a été publié en six épisodes en 1996 aux États-Unis. Le livre a été acclamé et, comme bon nombre d’œuvres de Stephen King, a fait l’objet d’une adaptation sur grand écran. C’est Frank Darabont, déjà derrière Les Évadés, qui réalise La Ligne Verte pour le cinéma en 1999.
Le livre avait déjà ému de nombreux lecteurs et sa transposition à l’écran a transcendé cette histoire fantastique. Considéré comme l’un des films les plus tristes du cinéma, La Ligne Verte met en lumière les performances extraordinaires de Tom Hanks et Michael Clarke Duncan. Le personnage de ce dernier, John, est un condamné à mort innocent bouleversant surtout lorsqu’il doit choisir sa dernière volonté avant de mourir.
5. « Il » est revenu par Tommy Lee Wallace (1990)
Tommy Lee Wallace, pote de John Carpenter, réalise l’adaptation du roman Ça en 1990.
À Derry, dans le Maine, une bande de gosses, le « Club des paumés », est terrorisée par une créature qu’eux seuls peuvent voir : Ça. Parvenant à s’en débarrasser, ils font le serment de revenir à Derry si Ça refait surface. Trente ans plus tard, ils se retrouvent : « Il » est revenu…
Alors oui, c’est vrai : c’est mal foutu, ça aurait pu être grand, ça aurait pu être mieux, ça a mal vieilli… Et pourtant, c’est géant. Et pourtant, c’est effroyable ! Combien d’enfances gâchées à la sortie de ce téléfilm ? Qui n’a pas été profondément perturbé en le découvrant sur M6 derrière le dos de ses parents ? Qui aime encore les clowns ???
Ce qui compte (entre autres) dans le cinéma d’épouvante, ce ne sont pas les moyens mis en œuvre, mais de savoir si on a eu la frousse ou pas ? Et disons-le franchement, ce téléfilm a parfaitement réussi ce pari, beaucoup plus que la réadaptation en deux parties initiée en 2017 (bien que cette dernière soit très bien). Que celui qui n’a pas été traumatisé (à vie !) par « Il » est revenu nous jette la première pierre !
4. Shining par Stanley Kubrick (1980)
Beaucoup d’œuvres de Stephen King ont été portées à l’écran, beaucoup sont des navets. Pas ce film-là ! Stephen King, lui, déteste cette version qu’il juge comme une trahison à l’esprit de son roman. Il écrira même le scénario d’une seconde adaptation sortie sous forme de mini-série en 1997, pour revenir à ce qui lui semble être la véritable essence de son histoire. Et pourtant, le Shining de Kubrick est un chef-d’œuvre, un vrai ! Un énorme succès. Un classique ! Alors, que peut-on encore dire sur ce film ???
Jack Torrance, romancier, accepte comme emploi de garder un hôtel vide durant l’hiver, ravi de savoir qu’il pourra profiter de ce calme pour écrire. Il y part donc avec sa femme et leur jeune fils, Danny. Ce dernier a un don, le « Shining », qui lui permet de voir des choses qui sont arrivées ou qui vont arriver. Or cet hôtel a un passé pas folichon : Danny a des visions effroyables, tandis que Jack apprend que l’ancien gardien, Grady, est devenu dingo et a tué sa femme et ses filles à coup de hache avant de se faire sauter le caisson. Jack, à son tour, va progressivement sombrer dans la folie.
3. Simetierre par Mary Lambert (1989)
Lorsque Simetierre sort en 1989, il fait l’effet d’une véritable bombe. À l’époque, le cinéma d’horreur est en perte de vitesse. Mary Lambert va relancer la machine. Combien sont devenus fans d’épouvante en voyant ce film ?!
Nous suivons l’installation d’une gentille famille américaine qui emménage dans une jolie maison au bord d’une route. A côté se trouve un cimetière pour animaux que leur fait découvrir Jud, le vieux voisin à l’air pas commode mais pourtant adorable. Plus loin, après ce cimetière, est un autre cimetière, indien cette fois, mais surtout capable de ressusciter les morts. Le cauchemar peut commencer.
Même s’il souffre de quelques maladresses et de quelques lourdeurs, il est difficile de dire du mal de ce film tant son charme est incommensurable. Adaptation du meilleur roman de Stephen King, le visionnage de Simetierre procure un délicieux malaise, qui donne envie d’y revenir.
2. Christine par John Carpenter (1983)
Même si John Carpenter avoua avoir le sentiment d’être passé à côté de ce film, Christine est pourtant une vraie réussite eighties. L’ambiance du roman est parfaitement rendue (même si certains éléments ont été malheureusement occultés) et la musique hypnotique.
Fan des jeunes torturés, Stephen King a écrit l’histoire d’un Arnie Cunningham coincé, puceau et souffre-douleur de son lycée. Lorsqu’il est en compagnie de Dennis, son seul ami, il tombe sous le charme de Christine, une vieille Plymouth de 1958 réduite à l’état de tacot. Malgré les avertissements de son ami, Arnie achète la bagnole qui, pourvue d’une âme diabolique, finit par l’ensorceler. Désormais, Arnie, au volant de son bolide, ne se laissera plus jamais marcher sur les pieds. Jouissif.
1. Carrie au bal du Diable par Brian de Palma (1976)
Brian de Palma ouvre le « bal » en 1976 avec cette première adaptation. À noter qu’il s’agit aussi du premier roman de Stephen King.
Carrie White est une jeune fille flanquée d’une double malédiction : une mère complètement folle versée dans l’extrémisme chrétien (qui l’enferme régulièrement dans un placard quand elle estime que sa fille a péché) et un don pour la télékinésie. Carrie fait l’objet permanent de la risée de ses camarades de classe. Car elle est une adolescente complexée et peu au fait des réalités de son âge. Le film s’ouvre sur une crise de nerfs lorsqu’elle découvre qu’elle a ses règles pour la première fois dans les douches du lycée. Si le plan est terrifiant, il est aussi diablement esthétique et rappelle le début du futur Pulsions du même réalisateur.
Carrie finira par se venger de tous ceux qui l’ont torturé durant le bal de fin d’année. L’une des meilleures, sinon LA meilleure adaptation du King. Magnifique et… glaçant !
Par Xavier Dandry