Vendredi 13 (2009)

On  l’attendait depuis que le projet avait été mis en route, le remake de Vendredi 13 de Marcus Nispel est sorti hier dans les salles françaises.

Comme vous pouvez le voir, le pitch est court, très court, mais en même temps on est en terrain connu ! Comme pour Massacre à la Tronçonneuse, Hollywood déterre ses bêtes les plus féroces pour les livrer aux jeunes générations incultes en matières de cinéma et tout pleins de testostérone. Vendredi 13 est une saga mythique qui a bercé la jeunesse de beaucoup de trentenaires, et qui a fait les beaux jours des amateurs de Jason. Mais c’est aussi une saga culte avec un héros tellement charismatique et pourtant tellement débile. Malgré tout, certains disent que les films ont mal vieilli ( ce qui n’est pas faux ) mais ils ont le mérite d’avoir su s’adapter à leur époque au fur et à mesure du temps ( notamment avec Jason X ). Certains épisodes sont à jeter à la poubelle, d’autres sont carrément réussis mais ils ont au moins contribué à ériger Jason Vorhees au rang de star mondiale.

Depuis 2001, aucun épisode n’avait été mis en projet ( à part le cross-over avec Freddy ) et c’est avec une certaine appréhension que l’on attendait ce long métrage. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on est pas déçus.

Pas déçus, mais pas surpris non plus. Nispel, après avoir relu avec brio les aventures de Leatherface, avait promis un opus moderne, une relecture réelle de la saga. Les Vendredi 13 ont été la plus longue saga du genre avec 12 épisodes au compteur ; le premier film en 1980 reprenait le concept de Halloween et de Black Christmas. Tout au long des films, Jason découpait de l’adolescent dans tous les sens, avec toutes les armes imaginables et offrait un véritable divertissement comme tout bon slasher sait le faire, avec une âme en plus. La plupart de ses volets possédait des budgets restreints et  devenait un rendez-vous annuel du cinéma de genre tant la fin de chaque épisode était mal bouclée. La recette était simple : quelques jeunes aux tendances libidineuses veulent faire du camping, Jason revanchard et sans pitié, tout pleins de meurtres tous aussi infâmes les uns que les autres, des filles nues et quelques blagues graveleuses pour couronner le tout. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

La première séquence reproduit la fin du film de 1980 ( Maman Vorhess face à sa dernière victime .. ), elle permet d’introduire Jason et de le lier à l’histoire qui va suivre. La seconde partie du film présente un groupe d’ados qui va faire du camping armés de GPS mobiles, 20 ans après les événements précédents. Ca se fait peur autour du feu avec la légende  de Vorhess, ça baise dans la tante, ca va cueillir du cannabis, bref, comme tout jeune de 17 ans qui se respecte. Jason arrive, et personne n’y coupe ( mouarf ! ). Un sac à patates sur la tête (  en fait cette séquence de 20 minutes reproduit le second volet de la saga originale ) qui est beaucoup mieux rendu, Jason va faire un rôti de blonde ( huhuhuhu ) et éliminer tout le monde. Un quart d’heure efficace, un Jason malin, rapide, cruel, ça change ! Il enchaîne les victimes avec une efficacité jouissive ( coup de machette dans la tête retirée avec le pied ! ), une scène rapide et parfaite.

Dans la troisième partie, on rencontre le frère de l’une des gonzesses disparues et un groupe de jeunes partant vers Crystal lake. Les personnages sont suffisamment caricaturés et idiots pour qu’on ne s’y attache pas : tant mieux ! Les dialogues sont débiles, les mecs sont des salauds et les nanas sont obsédées. Ils vont faire un tour dans la forêt et vlan. Aucune surprise, en même temps, c’est un Vendredi 13 dans la plus pure tradition de la franchise, juste modernisé visuellement. S’en suit un jeu de massacre ponctué par des références à la saga (le masque de hockey épisode 3, Jason coulé au fond du lac, épisode 6 ; dernière scène épisode 1…) avec ce qu’il faut de morts violentes, dont certaines font preuve d’originalité, et de nudité féminine.
Cependant, on a du mal à retrouver la patte de Nispel ; on en arrive même à la chercher, ce qui rend la mise en scène impersonnelle.On ne retrouve, ni la photographie caractéristique, ni l’ambiance glauque et crade du Massacre à la tronçonneuse.

Jason made in 2009 est différent : jadis zombie sanguinaire ou débile profond dans la saga originale, on lui offre ici une nouvelle vivacité ;  même si on se refuse à réécrire la mythologie du personnage, on creuse et on cherche à lui donner des qualités plus humaines : il était un bourrin agressif, lent et idiot, il devient un bourrin intelligent et rapide. Le réalisateur veut ici retranscrire le quotidien de Jason : il est vu comme un marginal, un reclus qui vit seul dans la forêt, assoiffé de vengeance ( et qui fait pas la vaisselle en plus ). Une vision plutôt louable mais qui contribue aussi à le rendre trop humanisé. Malgré tout, certains plans ( le sac à patates et la scène de la salle de bains avec la plan sur son oeil ) sont carrément cultes !

La narration en trois étapes est l’une des raisons du problème de rythme du film : beaucoup de personnages à qui on ne s’attache pas, deux intrigues ( si on peut dire ça ) imbriquées l’une dans l’autre, le sentiment que le film ne commence qu’au bout d’une demi-heure…

Au final, Vendredi 13 made in 2009 reste un Vendredi 13 et on aurait tort d’en attendre trop ; il faut le prendre pour ce qu’il est : un pur divertissement remis au goût du jour. Un décor et une ambiance mythique, une recette connue de tous, un Jason rajeuni mais qui ne fait pas peur ( dommage ) mais qui est intelligent ( ça change ), qui tire à l’arc ( o_o ), qui utilise la machette… Fidèle à la franchise en bref. Mais c’est tellement bon de retrouver Jason que tous les points négatifs du film sont oubliés !